Sélection de petits ruminants résistant aux nématodes gastro-intestinaux - La Semaine Vétérinaire n° 1661 du 12/02/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1661 du 12/02/2016

CONFÉRENCE

Pratique mixte

FORMATION

Auteur(s) : Carole Moreno-Romieux*, Lorenza Richard**

Fonctions :
*Inra de Castanet-Tolosan
(Haute-Garonne).
Article rédigé d’après une présentation
faite lors des 22es journées 3R à Paris,
les 2 et 3 décembre 2015.

La filière génétique ovine met actuellement en place une plateforme de phénotypage en station expérimentale pour sélectionner les mâles résistant aux nématodes gastro-intestinaux, qui devrait s’appuyer sur l’école vétérinaire de Toulouse. Cette sélection s’inscrit dans une démarche intégrée pour la gestion des infestations.

Efficacité de la sélection

L’efficacité de la sélection des béliers résistant au parasitisme gastro-intestinal en station est confirmée. Une étude1 montre notamment que les brebis issues de béliers de races ovines laitières des Pyrénées ayant une résistance extrême (30 % plus résistants) excrètent 30 à 70 % d’œufs en moins dans les fèces que celles issues de béliers sensibles. De même, d’après une étude réalisée en Guadeloupe2, les chèvres créoles dont les mesures d’œufs par gramme (OPG) sont les plus faibles à l’engraissement, à 11 mois, excrètent 32 % d’œufs en moins autour du part. De plus, les chevreaux issus de ces femelles résistantes ont un poids supérieur de 16 % à celui des autres au sevrage. Enfin, l’animal résistant maintient ainsi mieux son niveau de production et limite la contamination du reste du troupeau en excrétant moins d’œufs.

La résistance est testée par un protocole de deux infestations successives d’animaux indemnes de parasites de 3 à 6 mois, la première pour provoquer une réponse immunitaire semblable à celle qui survient chez les agneaux lors de la mise à l’herbe, la seconde pour observer l’efficacité de la réponse adaptative de l’animal. La mesure du nombre d’œufs excrétés par gramme de fèces semble être la meilleure stratégie (avec une héritabilité comprise entre 0,2 et 0,4) pour sélectionner des animaux moins atteints. D’autres paramètres sont utilisables, comme l’anémie, la chute de production, etc. Bien que plus faciles à utiliser en pratique, ils ne mesurent que partiellement la résistance et sont moins héritables. Une dose comprise entre 3 500 et 5 000 larves ingérées à chaque infestation permet d’observer la résistance de l’animal par une diminution d’OPG tout en limitant les impacts sur sa santé et sa croissance.

Héritabilité moyenne

Enfin, le génotypage des hôtes a permis d’identifier plus de 20 régions chromosomiques associées à la résistance contre l’installation des larves infestantes et contre les nématodes adultes chez les ovins (une dizaine de régions chez les caprins). Notamment, une région est identifiée sur le chromosome 19 pour la résistance à partir des mesures d’OPG. Une autre sur le chromosome 12 est associée à une plus forte réponse immunitaire de l’hôte et à une plus faible fécondité des vers. De plus, la résistance aux parasites gastro-intestinaux apparaît faiblement corrélée génétiquement aux autres caractères en sélection. Sa recherche pourrait ainsi être combinée dans l’avenir avec celle des autres caractères d’intérêt pour les éleveurs.

Toutefois, la stratégie génétique ne doit pas être utilisée seule et avec une sélection des hôtes résistants trop intense car dans ce cas extrême, le parasite pourrait s’adapter également à son hôte grâce à une grande diversité génétique, et ainsi contourner les stratégies utilisées pour lutter contre lui. Ainsi, la sélection génétique peut être une bonne alternative, mais son intérêt doit être étudié en fonction des pratiques d’élevage, et elle est complémentaire d’autres techniques (traitements, gestion des pâturages, etc.). Elle s’inscrit dans une nouvelle démarche de gestion intégrée de la santé, qu’il convient d’adapter à chaque élevage. Cela complexifie l’approche qui doit désormais être pluridisciplinaire, mais correspond à la réalité du terrain. L’objectif n’est en effet pas d’obtenir des troupeaux indemnes, mais un équilibre permettant aux petits ruminants de contrôler suffisamment les parasites pour limiter la pression d’infestation et maintenir leur production sans traitement.

  • 1 Jacquiet P., Sallé G., Grisez C. et coll. Selection of sheep for resistance to gastro-intestinal nematodes in France : where are we and where are we going ? 25th International Conference of the WAAVP. Liverpool. UK. 2015:186.

  • 2 Blaes J. L., Mandonnet N., Arquet R. et coll. A long term experiment of integrated control of nematode parasitism in Creole goats. Advances in animal bioscience. 2010;1:413-414.

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