Un pessimisme d’humeur, mais un optimisme de volonté - La Semaine Vétérinaire n° 1661 du 12/02/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1661 du 12/02/2016

Dossier

Nombreux sont les motifs propres à refréner l’envie de s’installer en milieu rural, et pourtant !Témoignages de praticiens exerçant en Seine-Maritime, dans la Meuse, en Mayenne, en Moselle et dans le Rhône.

Comment favoriser l’installation durable des vétérinaires dans les territoires ruraux du Massif central ? Tel était l’objet du projet de recherche VeTerrA. Une quinzaine de praticiens ruraux avaient alors été interrogés. Qu’en est-il de leurs confrères dans les autres régions ? Julien Billars (Liège 10) à Aumale (Seine-Maritime), Laurent Sarlet (Liège 84) à Stenay (Meuse), Nathalie My (T 90) à Saint-Berthevin-la-Tannière (Mayenne), Pascal Messin (T 86) à Château-Salins (Moselle) et Vincent Négny (T 98) à Monsols (Rhône) témoignent.

Tout d’abord, aucun ne se plaint de son sort. C’est dit. Une pratique rurale par choix, un lieu d’installation par raison et un plaisir de faire son métier au quotidien : travailler avec des professionnels, contribuer à la qualité des produits et à la performance économique des élevages, analyser des situations individuelles et collectives, un sentiment de liberté hors les murs et une relation commerciale primant sur la relation affective avec les animaux. Il n’empêche, ce n’est pas un métier pour enfants de chœur !

Une activité économique, d’abord !

La réalité du monde rural explose parfois à la figure de jeunes praticiens qui la découvrent. « Nous ne savons pas toujours de quelle planète débarquent certains stagiaires. Ce sont souvent des profils de jeunes femmes qui ont pratiqué un peu l’équitation et s’imaginent praticiennes en rurale, déplore Pascal Messin. Quand elles s’aperçoivent qu’on euthanasie des veaux parce que cela revient trop cher de les soigner, ou qu’ils sont tués avec une masse parce que l’euthanasie elle-même coûte trop cher, elles repartent en pleurant parce qu’elles sont pétries de bons sentiments mais déconnectées de l’économie de l’agriculture. »

La relation avec les éleveurs n’est pas non plus toujours cordiale. « Ce sont des entrepreneurs, ils ne font pas de sentiment. Certains d’entre eux, de plus en plus nombreux, n’ont pas pu arrêter l’élevage pour labourer et considèrent leur métier comme une punition. On n’a recours aux services du vétérinaire qu’en désespoir de cause », poursuit Pascal Messin. À cela, Julien Billars ajoute le risque physique : « Nous manipulons des animaux qui peuvent approcher la tonne et un accident est vite arrivé. » Et Laurent Sarlet, la fatigue d’un métier éprouvant : « Trop de vétérinaires ratent leur atterrissage. J’en suis à trois enterrements par an de collègues qui ont fini par lâcher physiquement. J’aimerais bien décélérer progressivement mon activité avant de partir, dans cinq ou dix ans peut-être. »

“On en a vu d’autres…”

Pire encore, Pascal Messin se dit consterné par l’absence d’envie de créer, de développer chez les plus jeunes : « Nous faisons face à la génération des 35 heures ! C’est le monde à l’envers : on propose et c’est le salarié qui décide, avec des prétentions que nous n’aurions pas même imaginées à leur âge. Résultat, les associés font bien plus d’heures et nous avons le sentiment de travailler pour faire tourner le système, pour faire vivre des gens qui n’en ont rien à faire. Autre résultat, seuls des étrangers répondent à nos annonces. La Moselle, ce n’est pas aussi accueillant que le Cantal, mais, finalement, on n’y est pas plus mal qu’ailleurs. »

Tout cela a-t-il entamé leur optimisme ? Pas fondamentalement. Nathalie My s’est installée seule dans un petit village et partage les gardes avec une jeune consœur qui a fait le même choix. Et elle en est ravie.

Julien Billars va troquer son statut de salarié pour celui d’associé. Vincent Négny a fait le choix, avec ses associés, de privilégier la qualité de vie au sein d’un cabinet plus étoffé. Pascal Messin n’a pas besoin d’être optimiste, c’est un battant : « Dans un environnement économique concurrentiel et sans état d’âme, nous avons perdu 60 % de nos clients en 20 ans, tout en maintenant une progression de notre chiffre d’affaires entre 3 et 10 % par an. » Quant à Laurent Sarlet, il en a vu d’autres : « Nous avons perdu les prophylaxies et la vente de médicaments diminue, mais nous sommes toujours là. La réflexion sur le devenir de nos cabinets est indispensable, mais on s’adaptera. Comme nous l’avons toujours fait. »

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