Décryptage
Auteur(s) : Ségolène Minster
L’Association vétérinaire mondiale pour les animaux de compagnie (WSAVA) vient de publier, en janvier 2016, une mise à jour de son guide de bonnes pratiques sur le thème de la vaccination du chat et du chien1. Synthèse de la foire aux questions qui accompagne ce guide.
Oui, mais à moins que cet usage ne soit mentionné sur la notice d’utilisation, il est considéré comme hors autorisation de mise sur le marché (AMM). Les deux vaccins ne peuvent pas être mélangés dans la même seringue. Idéalement, les sites anatomiques d’injection devraient différer, afin que les antigènes vaccinaux ne soient pas drainés par les mêmes nœuds lymphatiques et que l’immunité soit stimulée en deux sites distincts.
Il convient d’éviter cette pratique si possible, dans la mesure où l’animal peut développer une réaction d’hypersensibilité, vomir, avec un risque accru de fausse route. De plus, les agents anesthésiques peuvent avoir un effet immuno-modulateur.
Oui. Une dose de vaccin à virus vivant CHP chez le chien et de vaccin vivant contre le parvovirus félin fournit une immunité de longue durée quand elle est administrée à 16 semaines ou plus. Les chiots et les chatons devraient être vaccinés au moins une fois à 16 semaines ou plus. Dans le cas des vaccins contre les virus respiratoires félins (calicivirus FCV et herpesvirus FHV-1), la protection est optimisée par l’administration de deux doses à deux à quatre semaines d’intervalle. Si cela était fait, l’immunité des populations canine et féline serait améliorée de manière significative. Même aux États-Unis, où le taux de vaccination est considéré comme bon, probablement moins de 50 % des chiots et 25 % des chatons reçoivent au moins un vaccin. Plus les animaux sont vaccinés au sein de la population (au moins 75 % de la population vaccinée), plus l’immunité collective s’améliore et prévient la survenue d’épidémies.
NON. Un désinfectant peut potentiellement inactiver les vaccins à virus vivant atténué et ce geste n’apporte aucun bénéfice connu.
À température ambiante, les vaccins les plus fragiles (maladie de Carré, FHV-1) perdent leur action en deux à trois heures, tandis que d’autres composants vont garder leur immunogénicité plusieurs jours (parvovirus félin et canin). Il est donc recommandé d’utiliser les vaccins vivants atténués dans les deux heures au maximum qui suivent leur reconstitution.
NON. Une dose unique d’un vaccin qui en requiert deux ne fournit pas d’immunité protectrice. La première dose a pour objectif d’initier la réponse immunitaire, la seconde d’immuniser. Si la seconde dose n’est pas administrée dans les six semaines, le protocole de primo-vaccination doit être recommencé de zéro, afin de s’assurer que les deux doses sont espacées de deux à six semaines. Après ces deux doses, le rappel peut avoir lieu annuellement.
NON. L’injection de doses multiples espacées de deux à quatre semaines de vaccins vivants atténués est valable uniquement pour les jeunes animaux, qui ont des anticorps maternels. Même si les notices d’utilisation recommandent de réitérer la primo-vaccination, celle-ci n’est pas justifiée au regard de l’efficacité de la mémoire immunitaire acquise.
Un chat FeLV- ou FIV-positif, cliniquement sain, devrait idéalement être confiné à l’intérieur, à l’écart des autres chats, afin de limiter l’exposition à des maladies infectieuses. Si la vaccination contre le parvovirus, le calicivirus et l’herpesvirus-1 est absolument nécessaire, les experts recommandent de l’effectuer avec un vaccin inerte. Cet animal ne doit pas être vacciné contre le FeLV. Un chat FeLV- ou FIV-positif, cliniquement atteint, ne doit pas être vacciné.
Les études menées sur le chien et le chat suggèrent qu’un traitement corticoïde à dose immunosuppressive administré avant ou pendant la vaccination ne supprime pas la production d’anticorps liée au vaccin. Toutefois, un rappel plusieurs semaines (deux ou plus) après la fin de la thérapie immunosuppressive est recommandé, particulièrement s’il s’agissait d’une primo-vaccination.
OUI. Il est même souhaitable d’utiliser des vaccins de fabricants différents au cours de la vie de l’animal, car les produits peuvent contenir des souches différentes (par exemple de calicivirus félin). Cela n’est cependant pas recommandé lors de la primo-vaccination.
OUI. Des tests rapides efficaces sont aujourd’hui disponibles pour déterminer la présence d’anticorps protecteurs spécifiques de la maladie de Carré, de l’hépatite de Rubarth, de la parvovirose canine et féline. Des sérologies annuelles sont donc possibles, mais l’analyse de leurs résultats révèle qu’elles sont positives tous les ans pendant au moins trois ans. Un test trisannuel est donc suffisant, sauf éventuellement pour les animaux de plus de 10 ans, qui peuvent être testés annuellement.
Si le vaccin suspecté de causer une réaction indésirable est considéré comme essentiel, un test sérologique peut être réalisé : l’animal séropositif ne sera pas vacciné. Si le vaccin est optionnel (par exemple celui contre la leptospirose), le rappel est déconseillé. Si la vaccination est absolument nécessaire, changer de fabricant peut aider. Cependant, cette stratégie n’est pas toujours efficace car les réactions d’hypersensibilité sont liées aux excipients (traces de sérum albumine bovine utilisé dans la culture des virus), qui sont communs à de nombreux produits. L’utilisation d’antihistaminiques et de corticoïdes à doses anti-inflammatoires préalable à la vaccination est possible et n’interfère pas avec la réponse immunitaire vaccinale. Ces derniers peuvent aussi traiter des réactions allergiques légères, telles que l’œdème facial et le prurit. Les animaux sujets à des réactions indésirables revaccinés doivent être surveillés pendant 24 heures, même si ces réactions (hypersensibilité de type I) apparaissent généralement dans les minutes suivant l’administration. Les autres types d’hypersensibilité (II, III, IV) apparaissent quelques heures à quelques mois plus tard.
2 Contre la maladie de Carré, l’hépatite de Rubarth, la parvovirose et le virus para-influenza.
3 7 à 9 ans pour CHP, 7 ans pour le parvorirus félin.
Il s’agit, pour les chiens, des vaccins qui protègent contre la maladie de Carré, l’hépatite de Rubarth et les variants du parvovirus canin de type 2. Les chats ont pour vaccins essentiels ceux qui protègent contre le parvovirus, le calicivirus et l’herpesvirus-1 félins.
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