« Vive Charles-de-Gaulle… Étoile ! »

La tendre et muette complicité entre un homme et sa vache a maintes fois inspiré le cinéma. La Vache et le Prisonnier (1959) en reste l’exemple français le plus populaire. Grand admirateur du film, Mohamed Hamidi lui rend ici hommage en retraçant une pérégrination similaire… et en incluant une scène où le personnage principal, Fatah, hébergé chez un châtelain (Lambert Wilson), découvre le film d’Henri Verneuil. Fatah pleure en voyant Fernandel quitter Marguerite puis s’excuse : « Je suis trop sensible pour un Arabe ». Originaire d’un petit village d’Algérie, le modeste fermier est en train de concrétiser son rêve : concourir avec sa vache – une belle tarentaise – au Salon international de l’agriculture, pour lequel il a enfin reçu une invitation (le voyage restant à ses frais). De Marseille à la capitale, sa traversée de la France à pied est l’occasion de nombreuses rencontres. Sa candeur et sa bonne humeur triomphent toujours des embûches et suscitent l’enthousiasme autour de lui, du bled aux réseaux sociaux. Bien mieux que ce que l’on aime aujourd’hui appeler un feel good movie, La Vache est une comédie dans le sens noble du terme. Elle fait rire et émeut par l’affirmation de sentiments simples et chaleureux, jamais caricaturaux. Dans ce présent troublé qui encourage la méfiance et le repli sur soi, l’apparente ingénuité du film exalte joyeusement l’inverse : l’ouverture, la curiosité, l’échange, l’amitié, le bonheur d’être ensemble… le partage – non le clivage – des cultures.

La Vache de Mohamed Hamidi, avec Fatsah Bouyahmed, Lambert Wilson, Jamel Debbouze, France-Maroc, 1 h 31, sortie le 17 février.