À la croisée des chemins

Que ce soit pour l’appropriation ou la mise en valeur des ressources, pour la gouvernance des risques et des crises ou pour la protection de la nature, l’environnement est au cœur de vifs conflits territoriaux. Depuis le xvii^e siècle, l’Arctique est très disputé pour ses ressources (animales, minérales) ou ses enjeux stratégiques (entrepôts de déchets radioactifs, nouvelles voies maritimes). Le réchauffement climatique – qui s’y manifeste avec plus d’amplitude que partout ailleurs – ne fait qu’exacerber les tensions. Au sommet de la chaîne alimentaire, sur la banquise arctique – son unique habitat, auquel il s’est totalement adapté –, l’ours polaire est aujourd’hui l’emblème de son écosystème et, par extension, du dérèglement climatique qui le menace. Figure surmédiatisée, dont nations, multinationales, organisations non gouvernementales et communautés locales s’emparent volontiers, tour à tour martyr, étendard ou façade de débats qui le concernent ou le dépassent, il est désormais un paramètre géopolitique. De sa réalité écologique jusqu’à sa récupération symbolique, du local au global, il était important de rendre compte de tous les enjeux qui s’entrecroisent autour du grand prédateur. Ce que réalisent ici deux de ses spécialistes français, le consultant et photographe Rémy Marion1 et l’universitaire Farid Benhammou, en bousculant beaucoup d’idées reçues. La question complexe de l’avenir de ce nouveau totem de notre mythologie contemporaine reste ouverte, mais la poser revient aussi à mettre en équation le nôtre.

• 1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1642 du 18/9/2015, page 60.

• Géopolitique de l’ours polaire de Rémy Marion et Farid Benhammou, Éditions Hesse, 188 pages, accompagné d’un cahier de 16 pages incluant des photographies et des cartes, 17 x 22,5 cm, 20 €.