SANITAIRE
Pratique mixte
L’ACTU
Auteur(s) : Charles Touge
Mise en évidence dans les Alpes à partir de 2002, la besnoitiose continue de s’y répandre à cause, notamment, de la pratique de l’estive.
La prévalence de la besnoitiose dans les Hautes-Alpes ne cesse d’augmenter. Un sondage sérologique effectué dans le Champsaur par le groupement de défense sanitaire (GDS) des Hautes-Alpes et la fédération régionale des GDS a montré que, dans un échantillon de 30 exploitations, 43 % des cheptels étaient atteints en 2012, 60 % en 2013 et 77 % en 2014, avec une prévalence individuelle maximale de 69 % au sein des troupeaux infestés. La maladie était sporadique depuis 2002, date des premiers cas confirmés, et a explosé à partir de 20051. En zone alpine, l’estive partagée est un facteur de risque important. La coexistence de cheptels infestés et de cheptels sains sur une même estive entraîne des conséquences économiques directes et indirectes, qui sont particulièrement préoccupantes pour les éleveurs. La transhumance double le risque d’infestation des troupeaux par rapport à ceux qui ne pratiquent pas l’estive.
Cette maladie est actuellement classée parmi les dangers sanitaires de catégorie 3 : la lutte relève de l’initiative individuelle de chaque éleveur, à sa charge.
Si la section animale du conseil régional d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Cropsav Paca) a évoqué la possibilité de demander la classification de la besnoitiose en danger sanitaire de catégorie 2 au niveau national, c’est avant tout une stratégie nationale qui est attendue. Cela permettrait non seulement d’évaluer la prévalence et la diffusion nationale de la maladie, mais aussi de définir un plan de lutte collectif et de mettre en place des actions de recherche, notamment sur le mécanisme de diffusion de la maladie, et de mieux connaître l’épidémiologie. Il est, à ce jour, impossible de recréer la maladie expérimentalement, ce qui constitue un obstacle, autant pour tester l’efficacité d’un vaccin que pour mettre en place un protocole d’éradication. Le plan de lutte idéal comporte un contrôle systématique des animaux lors d’achats, à la montée et à la descente des estives, à la prophylaxie avec à chaque fois l’élimination des animaux positifs, et des mesures de biosécurité pour limiter le risque de contamination de voisinage. Autant de dispositifs dont les éleveurs ne peuvent supporter seuls le coût élevé, surtout dans un contexte de crise.
1 Fouquet C. « La besnoitiose bovine : suivi épidémiologique de l’épizootie de la région Paca ». Thèse de doctorat vétérinaire, Lyon, 2009.
Durant l’été 2002, je suis sollicité pour une vache présentant un abattement à Saint-Véran (Hautes-Alpes), plus haute commune d’Europe, proche de la frontière italienne. Je constate une très forte fièvre (environ 41 °C) et un essoufflement. Mon traitement de bronchopneumonie aiguë se révèle particulièrement inefficace. La semaine suivante, j’y retourne car l’animal présente des “plaies sur les côtés”, laissantsuspecter une intolérance à un des traitements. L’examen du bord des lésions par le laboratoire d’anatomie pathologique met en évidence la présence de besnoitia. Deux ans plus tard, je suis à nouveau confronté à deux cas cliniques aigus (sclérodermie assez caractéristique) dans un autre élevage, puis, en 2005, à de nouveaux cas dans un troupeau sur la commune des Orres, dans lequel l’examen des animaux révèle une trentaine de porteurs de kystes. Le premier cas recensé est tout à fait atypique : l’élevage touché était un tout petit troupeau d’une dizaine de vaches, sans introduction, qui ne quittait jamais Saint-Véran, avec une évolution clinique spectaculaire (nécrose cutanée importante). Dans l’alpage voisin se trouvait le troupeau constaté massivement infesté en 2005, qui aurait commercé avec le Sud-Ouest durant les années 1990. Il s’agit probablement de l’origine de la contamination de cette zone, entre les années 1990 et 2000, bien que le premier cas officiel ait été constaté en 2002 à Saint-Véran.
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