PRÉCONISATIONS
Pratique canine
FORMATION
Auteur(s) : Lionel Schilliger
Fonctions : Diplomate ECZM (herpetology), ABVP (reptile and amphibian practice), praticien à Paris
Les squamates, reptiles à écailles, constituent un vaste ordre qui comprend tous les lézards, les serpents et les amphisbènes. Il regroupe les reptiles qui muent régulièrement par exuviation. Parmi les chirurgies les plus couramment pratiquées chez ces animaux en clientèle spécialisée figurent les chirurgies sur abcès, les ovariectomies, les salpingotomies/salpingectomies, les typhlotomies/colotomies et les amputations d’hémipénis.
• L’antisepsie du site opératoire peut être effectuée à l’aide de chlorhexidine ou de polyvidone iodée. La face ventrale des reptiles est souvent souillée de matières fécales ou de substrat. Un nettoyage à la brosse peut s’avérer utile au préalable.
• La pose de pinces à champs “à l’ancienne” est généralement irréalisable chez les reptiles, compte tenu de leur peau soit trop épaisse, écailleuse et rigide (iguanes, varans, boïdés), soit trop fine (petits geckos, caméléons). Il convient d’utiliser des champs collés, parfois difficiles à appliquer du fait de la nature kératinisée de l’épiderme de ces animaux, peu propice à la bonne tenue de la colle. La petite taille des animaux opérés peut aussi rendre l’utilisation de champs opératoires difficile, voire impossible !
• Les reptiles sont des animaux ectothermes poïkilothermes. Un tapis chauffant thermostaté à 32 °C doit être installé sous le corps de l’animal pendant toute la durée de la chirurgie, en prenant garde aux brûlures.
Le tégument des reptiles présente la particularité d’être recouvert d’écailles, c’est-à-dire de formations fortement kératinisées, plus ou moins épaisses, issues de la couche cornée superficielle de l’épiderme. L’incision à la lame de bistouri ou à l’aide d’une paire de ciseaux chirurgicaux procure chez ces animaux une sensation totalement différente de celle ressentie lorsque l’on opère un carnivore domestique, un petit mammifère ou même un oiseau. Il est rare de pouvoir inciser la peau directement au bistouri : la lame sert à effectuer une première ouverture de petite taille et le reste de l’incision s’effectue à l’aide des ciseaux.
• Choix du site d’incision. Chez les lézards dont le corps est comprimé dans le sens dorso-ventral (iguane vert, téjus, varans, etc.), l’incision de cœliotomie doit être ventrale paramédiane, en raison de la présence de la veine abdominale ventrale dans le plan médian. Chez les espèces dont le corps est comprimé dans le sens latéro-latéral (caméléons), l’incision est paralombaire intercostale. Chez les serpents, l’incision de cœliotomie doit être réalisée :
– sur le côté gauche du corps, de manière à éviter de ponctionner les sacs pulmonaires, s’étendant plus caudalement du côté droit ;
– en regard du (ou des) organe (s) à opérer ;
– à la jonction entre les écailles ventrales et la première rangée d’écailles latérales ou entre la première et la deuxième rangée d’écailles latérales. Cette voie d’abord de la cavité cœlomique présente deux principaux avantages par rapport à une incision ventrale médiane : les écailles latérales s’ourlent beaucoup moins vers l’intérieur une fois incisées que les écailles ventrales et la plaie chirurgicale n’est pas souillée par le sol du terrarium. Une fois la peau incisée, l’abord des viscères s’effectue après avoir récliné la paroi costale et disséqué la fine cloison conjonctivale qui recouvre les organes internes. Les sutures se font ensuite plan par plan, muscle puis peau, sauf chez les petits serpents pour lesquelles, bien souvent, seule une suture cutanée, toujours éversante, est suffisante.
• Adhérence des tissus. Chez beaucoup de squamates (et en particulier chez les sauriens), lorsque l’on incise le tégument pour effectuer une cœliotomie, on aborde directement l’intérieur de la cavité cœlomique sans avoir à inciser les muscles sous-jacents, comme on le ferait chez un mammifère. En effet, cette couche musculaire est généralement très fine et adhérente à la face viscérale du tégument. Cette particularité peut être surprenante de prime abord.
• Absence de diaphragme. Il n’existe pas de dissociation cavité thoracique/cavité abdominale chez les reptiles, du fait de l’absence de diaphragme : tous les viscères de la cavité générale sont en contact les uns avec les autres. Cette particularité implique, par exemple, de veiller à ne pas léser les diverticules des sacs pulmonaires qui, chez les caméléons, s’étendent très caudalement, entre les viscères, sous la forme d’excroissances très fragiles en forme de doigts de gants. Autre spécificité étonnante : il est possible de voir le cœur de l’animal battre pendant une chirurgie digestive ou obstétricale !
• Types de points. Compte tenu de la présence de ß-kératine sur la surface du tégument, l’affrontement cutanéo-dermique doit être réalisé par des points en U (ou surjets) éversants. À défaut, la pose de points de suture d’apposition aboutit à une déhiscence de plaie.
• Influence de la mue. La mue des squamates s’effectue de façon spectaculaire, en totalité, de manière discontinue et en peu de temps. Lorsque la peau est suturée, l’exuvie ne se décolle pas au niveau de la cicatrice, elle reste adhérente aux points de suture. Cela est sans incidence, ces fragments de mue se détachant en même temps que les fils et les croûtes cicatricielles au moment de leur retrait (au bout de 45 jours).
• Cicatrisation. La peau des reptiles cicatrise beaucoup plus lentement que celle des mammifères, en 6 semaines, en moyenne. La cicatrisation par seconde intention peut nécessiter plusieurs mois. Cette durée est d’autant plus courte que le reptile est placé à une température ambiante proche de la limite supérieure de sa température moyenne préférentielle (30 à 32 °C pour la majorité des espèces).
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