Que peuvent apporter les coopérations internationales entre vétérinaires ?

Nous attendons que le climat géopolitique s’arrange

Robert Allaire Vice-président de l’Association vétérinaire euro-arabe.

L’Association vétérinaire euro-arabe a été créée en 1996 avec pour objectif de partager les bonnes pratiques entre les vétérinaires des deux rives de la Méditerranée. Échange d’expériences, diffusion d’informations, organisation de formations étaient au programme de cet ambitieux plan de coopération entre 18 pays du Maghreb, du Moyen-Orient et d’Europe. Dès le départ, il avait été convenu que deux pays ne participeraient pas, Iran et Israël, afin d’optimiser les chances de réunir un maximum de personnes autour de la table. Pendant 10 ans, l’association a très bien fonctionné. Malheureusement, la géopolitique de la région a mis à mal les bonnes volontés. Les printemps arabes et les guerres qui ont suivi, la montée en puissance du terrorisme, sans parler du conflit irakien, ne favorisent pas un climat propice au partage des connaissances et des savoirs. Ce n’était déjà pas facile avant de réunir des Syriens, des Libyens, des Irakiens et des Soudanais, c’est aujourd’hui mission impossible. C’est dommage, car les besoins de la région en formation et développement de l’offre vétérinaire sont énormes. L’association est en sommeil pour le moment, mais nous ne désespérons pas que la situation de la zone s’améliore et que les échanges puissent reprendre.

Développer les échanges et l’amitié franco-allemande

Philippe Virat Praticien à la retraite.

L’association France-Allemagne Vétérinaire a été créée dans les années 1970. Au départ, il s’agissait surtout de faire partir en Allemagne nos enfants, afin d’améliorer leur niveau en langue. Au fil du temps, les liens entre vétérinaires français et allemands se sont développés. Des programmes de jumelage entre les écoles vétérinaires se sont montés : Lyon-Hanovre, Alfort-Berlin, Toulouse-Munich et Oniris-Giessen. Le but était de montrer aux étudiants des deux pays que des collaborations scientifiques sont possibles. Cette idée a porté ses fruits puisque, depuis 2013, l’université d’été franco-allemande accueille des vétérinaires et des étudiants chercheurs des deux contrées autour d’un thème scientifique lié à la recherche. L’objectif est de former des étudiants afin d’encourager les collaborations de recherche entre les établissements français et germanophones participants. L’association incite aussi les praticiens français à prendre de jeunes Allemands en stage dans leur clinique. Enfin, chaque année, des journées amicales sont organisées alternativement en France et en Allemagne, afin de mieux faire connaissance avec nos confrères et de nous enquérir des dernières avancées dans notre domaine à travers des conférences.

Si chacun reste dans son coin, on n’avance pas

Alexis Lécu Président de l’Association française des vétérinaires de parcs zoologiques.

Tous les ans, des vétérinaires de parcs zoologiques de toute l’Europe se réunissent lors d’un colloque organisé par l’Association européenne des vétérinaires de zoos et de la faune sauvage (EAZWV). C’est l’occasion d’échanger sur nos pratiques et de voir des présentations de cas cliniques. Lors d’ateliers, nous pouvons apprendre les techniques utilisées par nos collègues spécialistes de tel ou tel animal, comme le parage des ongulés sauvages ou la médecine des poissons. Dans notre discipline, où nous sommes confrontés à la rareté et à la diversité des individus, la collaboration est indispensable.

Elle est possible car nous exerçons dans un secteur en majorité non concurrentiel et que nos établissements travaillent déjà à un niveau international.

Cette coopération au-delà des frontières va encore s’accentuer. Pour la première fois, les congrès de vétérinaires de zoos américain et européen vont se jumeler en juillet 2016. Pionniers de la médecine vétérinaire en zoos, nos confrères américains ont longtemps été un exemple à suivre. La mise en commun de nos données, par exemple dans des revues scientifiques internationales de haut rang, permet des études plus poussées sur nos espèces et de meilleurs soins pour nos animaux.