Constatez-vous des freins à la vaccination des troupeaux ? - La Semaine Vétérinaire n° 1674 du 13/05/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1674 du 13/05/2016

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Laurent Le Calvez (A 84)

Un frein culturel en Bretagne

Q uand les éleveurs, surtout laitiers dans notre clientèle, sont soumis à une pression infectieuse, ils sont des plus motivés pour démarrer un protocole. Très vite, cependant, ils envisagent de l’arrêter dès que la situation s’améliore. Cela, pour trois raisons essentielles. La première tient au coût. S’acquitter en amont de la charge financière de la vaccination leur fait parfois oublier le coût réel de la maladie en aval. La deuxième concerne la gestion des opérations. La variété des vaccins (mammites, mycoses, diarrhées néonatales des veaux, maladies respiratoires) et de leurs protocoles, la difficulté de l’exercice lorsque les exploitations ne sont pas équipées de cornadis, la complexité de la gestion de tous les cas particuliers conduisent certains éleveurs à une forme de résignation : ils préfèrent supporter la charge de la maladie plutôt que de vacciner. Enfin, un autre frein à la vaccination est de nature culturelle en Bretagne. Pour de nombreuses pathologies, la région a souvent été rapidement saine. Les protocoles ont alors été allégés très tôt. Cette situation engendre probablement une moindre motivation à vacciner. Celle-ci ne semble pas inscrite, en effet, dans les gènes des éleveurs bretons.
Laurent Le Calvez (A 84) Praticien mixte à Vannes (Morbihan).
Isabelle Duthon- Gaurel (L 94) Praticienne rurale à Giat (Puy-de-Dôme).

Un équilibre coût/risques fragile

L es deux tiers de ma clientèle ont compris l’intérêt du préventif par rapport au coût des médicaments et de la charge de travail que représente la gestion des épidémies. Dans des élevages comptant entre 100 et 150 vêlages par an, le personnel réduit à une ou deux unités n’a pas le temps d’y faire face et c’est très coûteux. Les bovins sont pris au cornadis et en une heure la stabulation est vaccinée. Les calendriers vaccinaux sont calés et les protocoles de soins permettent d’approprier les vaccins et de s’assurer des bonnes conditions d’hygiène, d’alimentation et de ventilation des bâtiments. Pour autant, certains élevages, malgré le faible nombre de pathologies, commencent à être en difficulté et envisagent de recourir à des économies sur les postes préventifs ! Qu’il s’agisse du déparasitage ou de la vaccination, le coût les freine, même si les éleveurs savent qu’il est dérisoire au regard des frais qu’une épidémie de diarrhée pourrait occasionner, ou des pertes pouvant résulter d’une épidémie respiratoire. Cette situation m’inquiète car la taille des exploitations s’est agrandie, les vêlages sont condensés et la pression infectieuse s’est accentuée. Autant la démarche de vaccination est aujourd’hui bien en place, autant l’équilibre me semble fragile.
Isabelle Duthon- Gaurel (L 94)

Un frein éthique, pour les éleveurs bio

François Dizien (L 77) Praticien mixte à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne). François Dizien (L 77) N ous disposons aujourd’hui de vaccins très performants. Depuis presque 40 ans d’exercice, j’ai vu évoluer l’élevage et les pathologies, et je peux affirmer qu’ils nous ont tirés de bien mauvaises situations. Certes, le vaccin ne fait pas tout. L’amélioration du management des exploitations et des techniques d’élevage, des conditions de logement des animaux, de leur alimentation, dont le respect de la prise du colostrum, y ont fortement contribué. Il n’empêche, les éleveurs allaitants savent ce qu’est un épisode respiratoire sur les veaux et ils sont majoritairement convaincus de l’efficacité du vaccin. Pour autant, son coût affaiblit la motivation à y recourir de certains d’entre eux. Tant que n’est pas survenue la catastrophe, l’aquoibonisme a tendance à prévaloir chez eux ! Un autre frein à la vaccination est de nature éthique, notamment dans les élevages bio. Ceux qui ne veulent pas vacciner ont alors d’autres méthodes, qui exigent une maîtrise des techniques d’élevage et un professionnalisme de haut niveau sur tous les paramètres de l’exploitation. C’est à ce prix seulement qu’ils peuvent se passer de médecine traditionnelle, avec le risque toujours pendant de l’accident sanitaire.
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