Innovation, croissance et plantes

Soyons réalistes : les autorisations de mise sur le marché (AMM) de médicaments vétérinaires sont conditionnées, entre autres, à la notion de “doit prouver une efficacité supérieure à ce qui existe déjà”. La mode est à l’innovation. Le neuf, le beau… le cher, car innovation rime souvent avec consommation et se termine en croissance. Du moins, en théorie. Car, sinon, comment expliquer le désaveu des pharmacopées dites traditionnelles, qui, faute d’avoir pris le virage du “neuf”, se sont retrouvées un peu reniées, voire perdues dans la nature.

La phytothérapie était à l’aube de la pharmacopée. Historique, traditionnelle, certes un peu empirique parfois (mais, après tout, rien n’empêche d’étudier l’empirique sur les bancs de la recherche), elle revient en vogue autant chez l’homme que chez l’animal. Naturelle, économique, supposée moins toxique que le chimique – une certaine frange de la population gagnerait à réapprendre que la chimie existe aussi dans la nature, avec beaucoup de poisons, mais bon, ce n’est qu’une question d’éducation –, la plante reprend vigueur sur le terreau fertile d’une mode amplifiée par le besoin impérieux de réduire l’usage d’antibiotiques, soit en trouvant des remplaçants, soit en faisant en sorte d’en avoir moins besoin.

Gros hic dans les productions animales : la plante se heurte au grillage réglementaire – dûment soutenu de preuves scientifiquement recevables. Las, point n’est médicament qui veut, surtout sous AMM. Point encore, diront les optimistes. N’empêche qu’en attendant un cadre garantissant innocuité pour l’animal comme pour le consommateur, l’aromatique phytothérapique peine à devenir officiellement thérapeutique et laisse le champ libre de la culture “à ma guise”, au plus offrant ou beau parleur, vendeur de rêve à moindre coût (quoique… pas toujours) et hors des clous. ●

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