Vestale de l’art animalier

Figure singulière de l’art, modèle pour de nombreuses femmes peintres, Rosa Bonheur est la première d’entre elles à se faire connaître et reconnaître à une époque (la seconde moitié du xix^e siècle) où le génie se décline encore peu au féminin. Son naturalisme aigu, à l’écart des courants artistiques contemporains, sublime l’art animalier (auquel elle se consacre) et séduit autant la critique (du Salon où elle expose dès 1841 à 19 ans) qu’une profusion d’acheteurs, en France et dans le monde anglo-saxon. Peignant “comme un homme” et l’animal pour lui-même (transposant sur lui l’énergie émancipatrice qui l’anime), sa double affirmation de femme et d’artiste lui assurera une postérité mondiale.

On se souvient moins que c’est en réalité toute la fratrie Bonheur qui a réalisé une œuvre importante dans le domaine de la peinture et de la sculpture animalière. « On dirait que ces dignes artistes ont pour atelier une étable, tant ils rentrent profondément dans l’instinct de l’animal », notait à leur sujet Théophile Gautier. Si l’aînée se fera aménager un grand atelier (et une ménagerie !) près de Fontainebleau, ses frères Auguste, Isidore et sa sœur Juliette ont travaillé, quant à eux, à Magny-les-Hameaux. Sur cette même commune, le musée de Port-Royal-des-Champs réunit aujourd’hui 73 œuvres des Bonheur – dont beaucoup sont exposées pour la première fois – et édite à cette occasion un très beau catalogue. Mis en perspective, l’exceptionnel talent de Rosa n’en paraît que plus éblouissant.
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Rosa Bonheur et sa famille, trois générations d’artistes, jusqu’au 25 juillet 2016, musée national de Port-Royal-des-Champs à Magny-les-Hameaux (Yvelines), de 10 h 30 à 12 h 30 et de 14 heures à 18 heures (lundi, mercredi, jeudi et vendredi) ou de 10 h 30 à 18 h 30 (samedi, dimanche et jours fériés), www.port-royal-des-champs.eu.

Rosa Bonheur et sa famille, catalogue de l’exposition, Éditions de la Réunion des musées nationaux, Grand Palais, 22 x 28 cm, 112 pages, 120 illustrations, 30 €.