La vie est la vie

Film déconcertant, Men & Chicken pourra néanmoins séduire par sa manière même de surprendre. D’une originalité sans compromis, cette comédie noire (et masculine !) s’amuse à brasser les tons, papillonnant à contrepied entre tragique et farce, entre comique bêta, questionnements existentiels et mélancolie. Bien qu’à la marge, le film s’inscrit dans la pure tradition dramaturgique danoise qui aime broder sur la décomposition des familles. Il traite de la difficulté de construire une fratrie et de celle d’échapper à son déterminisme.

À la mort de leur père, deux frères – très différents l’un de l’autre – découvrent qu’ils étaient des enfants adoptés. Ils partent alors en quête de leur véritable géniteur, un généticien retiré dans un manoir sur une île désolée où, entouré de volailles et de petit bétail, il s’est visiblement adonné avec eux à des expériences un brin démiurgiques. Elias et Gabriel sont accueillis par trois individus improbables, peu amènes, aux mœurs insolites, qui se révèlent être leurs demi-frères. Sans distance avec ses personnages, le réalisateur joue avec leurs extravagances, sans jamais pourtant se moquer. Aussi problématique soit-elle, chaque créature – qu’elle soit jeune, vieille, humaine, animale, voire… entre les deux – est un miracle, semble nous suggérer l’étrange pantalonnade. Et dans un final apaisé (que l’on ne raconte pas), elle postule de nous accepter comme nous sommes… car « la vie est la vie et son alternative n’est pas préférable ».
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Men & Chicken d’Anders Thomas Jensen, avec Mads Mikkelsen, David Dencik, Nicolas Bro, Nikolaj Lie Kaas, Søren Malling, Danemark, 1 h 44, sortie le 25 mai.