La nutrition fait son congrès - La Semaine Vétérinaire n° 1676 du 25/05/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1676 du 25/05/2016

FORMATION

PRATIQUE MIXTE

Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau

Les journées nationales des GTV ont réuni les praticiens ruraux, pendant trois jours à Nantes, autour du thème de la nutrition et de ses conséquences sur la santé animale, et réciproquement.

Comment devient-on un bon ruminant ? et comment le rester ? Telles étaient quelques-unes des questions sur lesquelles ont planché les congressistes cette année. Les journées nationales des groupements techniques vétérinaires (GTV) 2016 ont rassemblé, du 18 au 20 mai à Nantes (Loire-Atlantique), les vétérinaires sur le thème de la nutrition. Ce rendez-vous annuel de formation constitue aussi, moins ouvertement, un écrin propice au recrutement : le jeune confrère qui a arpenté quelques heures les allées du centre des congrès nantais avec la mention « Je cherche du travail », inscrite sur le dos de son tee-shirt, n’est pas reparti les mains vides.

Une offre de formation dense, mais moins éclatée

La Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) maintient sa formule gagnante : un thème principal développé en salle plénière et des ateliers satellites sur des productions spécifiques (petits ruminants, équine, abeilles, vaches laitières ou allaitantes) ou des sujets distincts de celui développé en plénière (environnement, épidémiologie ou économie). Le nombre d’ateliers poursuit toutefois son régime, afin que les congressistes ne soient pas tentés de trop se disperser. Les ruminants ont largement dominé les débats en salle plénière et dans les ateliers, avec un gros succès remporté pour les présentations sur l’alimentation des vaches laitières et celle des veaux, preuve d’un intérêt croissant des praticiens pour la nutrition, ou d’un mariage de raison dans un contexte particulièrement concurrentiel alors que les élevages sont de plus en plus demandeurs de solutions non médicales.

La nutrition, avec l’économie dans le viseur

« La nutrition, du b.a.-ba à l’innovation », promettait l’intitulé principal. Mais les sujets proposés se sont scindés essentiellement en deux groupes, avec, d’un côté, les liens entre l’alimentation, la santé et la production, pour satisfaire aux aspects médicaux du métier, et, de l’autre, le lien entre l’alimentation et l’économie de l’élevage (et des vétérinaires), une notion que les praticiens doivent intégrer de plus en plus dans leurs pratiques afin d’assurer une meilleure viabilité à leurs clients.

Point trop de calculs fastidieux d’apports énergétiques ou azotés : il s’agissait surtout de ramener les vétérinaires au chevet alimentaire de leurs éleveurs, sans les dégoûter et avec des outils pratiques. Avant de se lancer dans un calcul de ration, les fondamentaux de la physiologie et de la biochimie ont donc été rappelés, puis les bases de l’évaluation de la qualité de la ration (dont l’état des ensilages, pas toujours à la hauteur de ce que l’éleveur attend) et de l’eau. Les calculs n’arrivent qu’après l’analyse de ce qui est réellement consommé et digéré par l’animal, et l’estimation de ses besoins. Les confrères ont également été sensibilisés à des notions d’économie d’élevage, afin de pouvoir conseiller en toute connaissance de cause des changements de rations fondés sur l’état des animaux, mais également sur la production attendue, en tenant compte des pertes liées au type d’aliment et de l’impact économique global d’une stratégie alimentaire (coût total des aliments et bénéfice réel pour l’éleveur). Dans les grands troupeaux, il faut parfois choisir entre nourrir tout le monde avec la même ration, en sachant que certains individus n’y trouveront pas leur compte et ne produiront pas à leur niveau, ou grouper en fonction des besoins et risquer de ne pas s’y retrouver au moment du bilan financier : tout dépend du coût de la ration, une notion indispensable pour les praticiens impliqués en nutrition et qui pâtit d’une grande volatilité.

La plante, physiologique et thérapeutique

Les herbivores ont tous en commun une alimentation à base de plantes, qui présente des avantages (production, croissance, état de santé) et des inconvénients (excès, carences, maladies métaboliques, toxiques, etc.) selon qu’elle est maîtrisée ou pas. Les solutions alimentaires aux troubles alimentaires sont incontournables et du ressort du praticien : rajouter du bicarbonate ne suffit pas toujours, surtout à long terme ou dans un objectif d’allongement de la carrière des vaches laitières, par exemple. Les solutions naturelles de santé ont aussi été abordées. La limite entre alimentation et thérapeutique apparaît encore délicate et discutée dans ce domaine non dénué d’attraits. Il est moins question de l’alimentation des allaitantes que de celle des laitières, mais les premiers frémissements d’intérêt sont notés. L’herbe n’est vraiment rentable que lorsqu’elle est pâturée : en ensilage ou sous forme de fourrages enrubannés, elle est gourmande en main-d’œuvre et volume de stockage, sans apporter suffisamment de bénéfices à l’éleveur par rapport à l’investissement nécessaire. Le maïs a ses bons et ses mauvais côtés : évaluer la valeur nutritive d’un ensilage est possible pour un vétérinaire (trop ou pas assez de matière sèche, moisissures). Par contre, déterminer l’origine d’une mauvaise qualité demande une bonne connaissance des méthodes de production et de remonter avec l’éleveur la chaîne de production afin d’identifier les erreurs commises ou les leviers d’amélioration. L’évolution du climat est également une composante à considérer : les modifications constatées et attendues auront un impact sur les végétaux produits et leurs qualités nutritives.

Des bonnes pratiques et des alternatives contre l’antibiorésistance

Cette nouvelle édition des journées nationales des GTV a consacré un atelier au plan national d’action ÉcoAntibio 2012-2017. Les exposés avaient pour objectif d’accompagner le praticien dans la mise en œuvre de ce programme, qui appelle à la réduction des risques d’antibiorésistance en médecine vétérinaire. La problématique de l’antibiorésistance y a donc été abordée sous plusieurs angles. S’il s’agit de réduire le recours aux antibiotiques, des alternatives thérapeutiques, d’origine naturelle ou non, ont également été présentées aux praticiens, afin de ne pas gêner leur pratique. L’exemple concret du programme de recherche Antibiovo a permis de présenter les solutions alternatives en production de veaux de boucherie. Par ailleurs, les possibles conséquences de l’utilisation de l’oxyde de zinc en cas de diarrhées des porcelets au postsevrage ont été détaillées. Connu comme une alternative à la colistine en porc, l’oxyde de zinc n’est cependant pas sans risque, en raison notamment de son impact sur l’environnement. Autre solution envisagée, le recours à la phytothérapie. L’importance de l’hygiène, qui permet, en amont, d’éviter le recours aux antibiotiques, a aussi été soulignée. Il a en effet été rappelé que le nettoyage et la désinfection des personnes, du matériel, mais aussi des locaux sont des éléments fondamentaux que les vétérinaires doivent prendre en compte dans leur exercice quotidien. Michaella Igoho
Les confrères ont également été sensibilisés à des notions d’économie.
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