Éric Guaguère : « Être pédagogique, pas coercitif »

Que pensez-vous des évolutions récentes de la formation continue ?

Nous étions favorables à ces évolutions, et à ce que ce “nouveau” système soit plus explicite, même s’il était déjà implicite dans le précédent Code de déontologie. Avec l’article L.242-33 du Code, même si la formation est fondée sur le volontariat, elle est un devoir et la définition des établissements de soins vétérinaires le précise.

Le CNVFCC (ancien CFCV)¹ a eu une carence en communication sur la formation permanente. Le devoir de se former avait échappé à beaucoup de praticiens.

Prônez-vous ainsi un système de formation obligatoire ?

Je ne pense pas qu’il faille rendre la formation obligatoire. Chaque praticien doit se responsabiliser en matière de formation continue.

Ce nouveau système, qui s’inscrit dans une démarche qualité, permet vraiment de faire prendre conscience au praticien de l’intérêt de se former pour le client. Il ne doit pas être vu comme un système coercitif, mais incitatif.

D’ailleurs, les pays où la formation est obligatoire en reviennent.

Le but est d’être pédagogique, mais pas coercitif.

Les vétérinaires ne sont-ils pas déjà acteurs de leur formation ?

En effet, nous avons réalisé une enquête, il y a deux ans, auprès des vétérinaires qui se forment à l’Afvac (soit près de 7 000). Sur 631 répondants, nous avons pu observer que la moitié des vétérinaires libéraux se formaient déjà plus de deux jours par an (un jour pour les salariés). Pour une large majorité, ils ignoraient les points de formation.

En outre, notre profession est l’une de celles qui se forment le plus.

Ce nouveau système ne risque-t-il pas de peser comme une contrainte pour certains confrères ?

Beaucoup de vétérinaires se forment et aiment cela, mais d’autres ne veulent pas le faire. Il y en a aussi qui n’osent pas se former, qui se sont éloignés progressivement de la formation et ne savent plus comment y revenir. Certains encore n’en font qu’avec la visite des délégués.

Il conviendrait de proposer des formations aux praticiens sortis du système et de les inciter à se remettre dans cette démarche. C’est pour cela que l’Afvac proposera prochainement de bâtir des plans de formation avec eux.

La formation n’est-elle pourtant pas un levier majeur de motivation ?

Les vétérinaires doivent comprendre que la formation continue est un vrai investissement pour leur entreprise et leur compétitivité. Il convient de définir les besoins en matière de formation de la structure, de définir sa stratégie pour que ce retour sur investissement soit rentable.

En effet, la formation est un puissant levier de motivation des collaborateurs. Dans les petites annonces au Royaume-Uni, les structures qui cherchent à recruter des vétérinaires annoncent même le nombre de jours de formation dont disposent les confrères dans la structure ! C’est un facteur d’attrait.

La formation continue est aussi un moyen de lutter contre l’isolement professionnel.

Et le système de points ?

Désormais, les vétérinaires recensent eux-mêmes leurs points de formation. L’Afvac, dans une notion de service à ses adhérents, envoie tous les ans le récapitulatif des points acquis. Nous allons développer l’informatisation des différents process attachés à cette formation.

Les auxiliaires vétérinaires sont des partenaires précieux de la clinique. L’Afvac reconduit d’ailleurs cette année son deuxième congrès à leur intention…

La seconde édition se tiendra à Lille (Nord) le vendredi et le samedi, pendant le congrès annuel de l’Afvac. L’Afvac, l’APForm et l’Association des auxiliaires vétérinaires (Assav) en est le trio organisateur. L’Afvac a été la première association vétérinaire à s’intéresser à la formation des auxiliaires dans les années 1990. Nous y sommes très attachés. Et ce n’est pas parce que l’on va former les auxiliaires qu’il y aura moins de vétérinaires dans les structures. Ils ont un rôle complémentaire et sont de véritables collaborateurs qui permettent aux structures d’évoluer. L’équipe globale en ressort gagnante.

En outre, la délégation de soins, sous la responsabilité des vétérinaires, est inévitable. Cela doit être vécu comme quelque chose de positif.

La 1^re édition du congrès pour les auxiliaires spécialisés vétérinaires (ASV) a remporté un beau succès, l’an passé. Un bon signe ?

En effet, près de 460 ASV y ont participé, et l’enquête de satisfaction montre qu’il existe une vraie demande de formation. La majorité des congressistes s’est inscrite pour les deux jours de congrès ASV. Nous constatons un élan, et la profession ne doit pas rester insensible à cet engouement.

Aujourd’hui, la majorité des inscriptions des ASV sont prises en charge par l’employeur (80 %). Cette évolution va dans le bon sens et montre bien que les vétérinaires sont conscients du rôle actif des ASV au sein de leurs structures professionnelles.

L’Afvac a changé son modèle d’inscription au congrès annuel il y a trois ans. Poursuivrez-vous cette invitation offerte liée à l’adhésion à l’association ?

Cette invitation offerte au congrès annuel va bien sûr persister. Nous sommes satisfaits de cette mise en place qui permet une valorisation accrue de l’adhésion. L’Afvac a une ingénierie pédagogique forte, les adhérents ont bien compris que les sujets proposés étaient le fruit d’une réflexion importante et pesée. Le conseil scientifique de chaque congrès, qui se renouvelle des deux tiers chaque année, a à cœur d’identifier les besoins des praticiens, de déterminer les sujets les plus adéquats et de trouver les conférenciers les plus adaptés. Le programme du congrès est riche et j’en suis fier. Je revendique de proposer le premier rendez-vous scientifique et incontournable de la profession.

Le forum panprofessionnel est aussi devenu un moment fort qui implique les différentes organisations professionnelles vétérinaires.

L’Afvac apporte également un soutien croissant dans l’exercice des confrères canins…

Nous jouons un rôle technique de plus en plus important dans les dossiers professionnels et majeur dans la filière de l’animal de compagnie. Nous accompagnons la profession, le syndicat, l’Ordre dans ces dossiers en tant qu’organisme technique. Nous avons désormais acquis une reconnaissance au niveau du ministère.

Ainsi, notre implication dans le plan ÉcoAntibio 2017 a été forte. Près de 50 fiches ont été élaborées sur le bon usage des antibiotiques dans le domaine des animaux de compagnie, grâce aux groupes d’études. C’est un travail conséquent, qui témoigne de notre différence et de notre démarche qualité globale.

Quels sont vos autres projets à venir ?

Nous nous engageons aussi pour le bien-être animal, sous tous ses aspects : accueil, consultation, animaux de compagnie, mais aussi en élevage, etc. Et les autres projets ne manquent pas… mais chut !
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¹ Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire (ancien Comité de la formation continue vétérinaire).