L’élevage de dindes biologiques : un réservoir de Streptococcus gallolyticus

Streptococcus bovis de type 1, agent pathogène opportuniste chez l’homme et l’animal, est désormais dénommé Streptococcus gallolyticus subsp. gallolyticus. Il est responsable d’endocardites et de méningites chez l’homme. C’est la première souche rapportée lors d’endocardites à streptocoques sur le continent européen chez l’homme. Une équipe de chercheurs de la faculté vétérinaire de Hanovre, en Allemagne, montre que le tube digestif des dindes issues des élevages bio est un réservoir naturel de la bactérie. Un travail récent a révélé qu’un éleveur de poules pondeuses ayant développé une endocardite à S. gallolyticus avait probablement été contaminé par ses volatiles.

Évaluation du portage

Une équipe de microbiologistes a alors étudié des prélèvements de fientes pour estimer le portage de ce germe chez les volailles. Ils ont analysé les échantillons d’une dizaine d’exploitations provenant de différentes régions du nord, du sud et de l’est de l’Allemagne (18 bâtiments au total) et de trois lignées génétiques différentes de dindes âgées de 1 à 4,5 mois au moment de la visite.

Entre septembre 2012 et janvier 2013, au moins cinq fientes individuelles fraîches ont été prélevées dans chaque poulailler, pour une mise en culture bactérienne avec des milieux appropriés.

Dans chacun des 18 poulaillers, S. gallolyticus a été isolé dans au moins un des prélèvements (dans tous les échantillons pour 15 des 18 bâtiments). Une fiente contenait en moyenne 3,6 x 10⁵ unités formant colonie (UFC)/g de cette bactérie.

Sur la base de ces résultats et à l’aide de modèles mathématiques, l’équipe conclut que la prévalence du portage intestinal de S. gallolyticus par les dindes bio est de 100 % dans 14 des 18 élevages. La plupart des isolats identifiés appartiennent au complexe clonal CC58 (12 bâtiments de 6 exploitations). Ce complexe clonal n’est pas celui qui a été isolé auparavant chez l’homme. En revanche, deux isolats appartenaient à d’autres groupes génétiques, l’un identifié dans un épisode de mortalité chez des pigeons de chair et l’autre mis en cause dans la transmission des poules pondeuses à leur éleveur. En conclusion, les auteurs soulignent que la forte prévalence et la diversité génétique et géographique sont en faveur d’un rôle réservoir pour les dindes bio. D’autres études seront nécessaires, y compris dans les élevages conventionnels, pour évaluer le risque sanitaire lié à cette bactérie.
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Schulz J., Dumke J., Hinse D. et coll. Organic turkey flocks : a reservoir of Streptococcus gallolyticus subspecies gallolyticus. PlosOne 2015. doi: 10.1371/journal.pone.0144412.