Autovaccins : bientôt autorisés chez les ruminants ?

L’administration attendait un avis favorable de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) avant d’envisager un changement de réglementation et d’autoriser les autovaccins chez les ruminants. C’est désormais chose faite : l’avis de l’Anses¹, qui inclut des recommandations destinées à minimiser le danger représenté par les prions, agents des encéphalopathies spongiformes transmissibles, conclut à un risque de transmission d’agents pathogènes nul ou quasi nul. Les deux avis que l’agence avaient rendus précédemment ne couvraient pas les ruminants, car le recours aux autovaccins est interdit dans ces espèces. La réglementation pourrait donc changer afin de permettre le recours aux autovaccins chez ces animaux, ce qui est en accord avec la mesure 15 du plan ÉcoAntibio 2017. Toutefois, le travail de l’agence s’est focalisé sur les autovaccins destinés à lutter contre les maladies bactériennes et a principalement creusé le risque de transmission du prion aux animaux ainsi exposés et, en bout de chaîne, à l’homme, en cas de consommation.

Probabilité nulle ou quasi nulle

Les autovaccins, produits après isolement d’un agent pathogène, sont destinés à une utilisation restreinte à l’élevage dans lequel l’agent est isolé, et pour une durée limitée. L’agence conclut que la probabilité de transmission est nulle ou quasi nulle (classée 0 à 1 sur l’échelle de probabilité, qui va de 0 à 9, utilisée par l’agence), en tenant compte de toutes les étapes de production d’un autovaccin et de la possibilité de persistance ou de dilution d’une dose infectante de prion contenue dans l’échantillon initial et ce, tout au long du processus. Dans le cas de l’encéphalopathie spongiforme bovine, la prévalence nationale est de 3 x 10^-6 et celle intratroupeau varie de un individu à 5 % des animaux. Pour des troupeaux de 50 à 350 animaux, la probabilité d’infecter un animal sensible est comprise entre 2 x 10^-20 et 1,2 x 10^-13 si l’échantillon utilisé pour la production des autovaccins est contaminé par le prion et avec une dose infectante (DI) variant de 0,01 à 10 DI₅₀. Pour la tremblante classique, les mêmes paramètres, avec une prévalence nationale de 1 x 10^-4, donnent une probabilité d’infecter un individu sensible de 6,7 x 10^-19 à 4 x 10^-12. Dans les scénarios étudiés par l’agence, la probabilité qu’un ruminant soit contaminé par le prion via un autovaccin est toujours inférieure à une chance sur mille milliards d’individus ainsi vaccinés.

Augmenter les précautions pendant la production

Les experts recommandent toutefois d’éviter d’utiliser, pour l’isolement de la souche bactérienne dans la production d’autovaccins chez tous les ruminants, le système nerveux central et les tissus lymphoïdes, le pus provenant d’abcès situés sur les nœuds lymphoïdes, un écouvillon lacrymal quand il est effectué avec frottement de la face interne de la troisième paupière, et le placenta chez les petits ruminants. Ils préconisent également l’emploi de matériels à usage unique sur toute la chaîne de production, d’effectuer au moins trois repiquages sur milieu solide chez le préparateur avant d’ensemencer le fermenteur et de rappeler sur l’étiquette l’espèce cible de ruminants à laquelle l’autovaccin est destiné, ainsi que le numéro d’exploitation du cheptel.
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¹ bit.ly/1RX71sB.