Antibiorésistance : des alternatives à explorer

L’édition 2016 des journées des groupements techniques vétérinaires a consacré un atelier, le 20 mai, aux alternatives aux antibiotiques dans le cadre du plan ÉcoAntibio 2017. Plus qu’un état des lieux, la question de l’antibiorésistance a été abordée sous différents angles qui ont permis de présenter des actions mises en place pour faire émerger des solutions fiables et efficaces contre cette problématique.

Oxyde de zinc, un faux ami ?

Parmi les solutions proposées, l’oxyde de zinc arrive en bonne place, notamment pour prévenir la diarrhée des porcelets en postsevrage, en remplacement de la colistine. Pour cet exemple, une autorisation de mise sur le marché (AMM) a d’ailleurs été délivrée en janvier 2016, pour un prémélange médicamenteux à base d’oxyde de zinc. Lors de son intervention à ce sujet, Philippe Le Coz, président de la commission porcine de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV), a souligné que le recours à ce type de produit présente un risque environnemental non négligeable, mais aussi un risque de co-sélection d’antibiorésistance, en particulier pour les Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (Sarm). L’exemple du Danemark, où l’oxyde de zinc est régulièrement utilisé, permet toutefois de considérer que ce produit constitue une réelle alternative au recours à certains antibiotiques tels que la colistine. La commission porcine de la SNGTV a défini des bonnes pratiques d’utilisation du Gutal^®, prémélange médicamenteux contenant de l’oxyde de zinc, indiqué pour la prévention de la diarrhée des porcelets en postsevrage. Par ailleurs, une présentation sur les avancées du programme de recherche Antibiovo¹ a démontré que les recherches d’alternatives se poursuivent avec, dans ce cas, le remplacement des antibiotiques par l’acide citrique et le tryptophane, lors de diarrhée. Cependant, à ce stade, l’intérêt de ces deux alternatives n’a pas pu être démontré par le programme, tant sur les plans sanitaire et zootechnique qu’économique. D’autres pistes sont explorées afin de lutter contre la résistance aux antibiotiques. Parmi celles-ci figure la préservation ou la restauration du microbiote intestinal, avec de nouvelles méthodes telles que la transplantation fécale ou encore l’administration de microbiotes synthétiques.

La phytothérapie aussi requiert des AMM

La commission médicament vétérinaire de la SNGTV s’est intéressée aux alternatives thérapeutiques d’origine dite naturelle pour contrer le développement de l’antibiorésistance. Il ressort des discussions qu’un produit à base de plantes, avec des propriétés antibactériennes, est automatiquement considéré comme un médicament vétérinaire et doit obtenir une autorisation de mise sur le marché. En outre, il convient de prouver qu’il bénéficie d’une tolérance suffisante et de s’assurer de son innocuité pour l’animal sur lequel il est utilisé, mais aussi pour la personne qui l’administre et, enfin, pour le consommateur final. Toutes ces exigences peuvent compliquer l’accès aux médicaments à base de plantes. C’est pourquoi il est proposé que l’Agence européenne des médicaments établisse des lignes directrices spécifiques pour l’évaluation des dossiers d’AMM des médicaments de phytothérapie vétérinaire.

L’hygiène, un atout pour prévenir la propagation des infections

Les autorités compétentes nationales et européennes s’accordent à dire que les mesures sanitaires d’élevage permettent de limiter en amont le recours aux antibiotiques. Lors de son intervention sur le nettoyage et la désinfection des lieux d’élevage, Jacqueline Bastien, présidente de la commission médicament vétérinaire de la SNGTV, a rappelé que le praticien est susceptible d’être vecteur de pathogènes s’il n’observe pas les règles d’hygiène nécessaires à la biosécurité. Dans sa pratique, il est ainsi appelé à rester vigilant vis-à-vis de l’hygiène des locaux et du matériel utilisé, qui peuvent être des vecteurs de transmission d’éléments pathogènes. Dans le cas du matériel, le nettoyage doit intervenir avant et après son usage. Le choix des produits nettoyants dépend notamment de leur spectre d’activité, de la nature du support et de celle des souillures. Les informations contenues dans la fiche technique accompagnent le praticien afin d’éviter le mésusage des produits désinfectants, source de résistance bactérienne.
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¹ Étude sur l’intérêt et l’efficacité de solutions alternatives aux antibiotiques en production de veaux de boucherie.