La chèvre : un comportement alimentaire particulier

Les caprins se caractérisent à la fois par une grande hétérogénéité de production et de performances (lait, laine, compagnie) et de gabarits. Le point commun est un comportement alimentaire qui les différencie des bovins et des ovins.

Une trieuse arborivore

Le comportement alimentaire des chèvres est particulier. Elles trient beaucoup leurs aliments, les dispersent en soufflant dessus. Elles mangent plus facilement ce qu’elles connaissent déjà et apprécient les aliments croquants. Déterminer ce qui est réellement consommé implique de peser les refus, et il est toujours nécessaire de considérer que la valeur nutritive de ce qui est ingéré est supérieure à ce qui est distribué, et ce d’autant plus si les fourrages sont de mauvaise qualité. L’utilisation de farine est déconseillée, car elle provoque des éternuements et augmente le risque d’acidose. Il est donc préférable de proposer des céréales entières.

Métabolisme

Le temps d’ingestion est, du fait du tri, plus long que celui constaté chez les ovins. La digestion est en revanche plus rapide, avec un temps de rumination plus court. La chèvre recycle l’urée, le phosphate et le bicarbonate. L’apport d’azote non protéique est déconseillé, pour éviter de saturer le foie. Cétose et fièvre de lait ne s’observent jamais ou presque chez les chèvres en lactation, qui interrompent leur production avant de parvenir à ce stade. L’acidose est le trouble métabolique le plus fréquent, par excès d’amidon, surtout lors de régime pauvre en fibres, suivie par l’acétonémie en fin de gestation, si l’apport énergétique de la ration est insuffisant.

Prévention des troubles d’origine alimentaire

S’il est difficile d’apprécier l’acidose ruminale subaiguë chez la chèvre, il est en revanche tout à fait possible de la prévenir. L’utilisation d’indicateurs de rationnement (fibrosité des rations, vitesse de dégradation) se généralise et des recommandations de distribution ont été émises. L’entérotoxémie est une affection fréquente en élevage caprin intensif, favorisée lors de déséquilibre de la flore intestinale. Étant de pronostic très sombre, des moyens de prévention sont conseillés, tels que la vaccination et des mesures d’hygiène. L’efficacité de la vaccination est remise en question en raison de l’action intra-intestinale de la bactérie, où les anticorps ne sont que peu présents. Les chèvres sont également sujettes aux réactions d’hypersensibilité allant jusqu’au choc anaphylactique : la vaccination est déconseillée chez les femelles en gestation ou en début de lactation.

Lactation longue

Les chèvres laitières sont parfois conduites en lactation longue de plus de 16 mois, alors qu’une lactation normale dure de 250 à 400 jours. Cette pratique est observée dans 40 à 48 % des élevages et concerne 3 à 6 % des animaux en moyenne (et jusqu’à deux tiers de l’effectif dans certains cas). Elle augmente le potentiel laitier des animaux et réduit les risques métaboliques et infectieux liés à la mise bas. Une dégradation des résultats de comptage cellulaire est constatée par rapport à des animaux ayant des lactations successives sur une durée comparable, mais ces données restent à valider.
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Source : conférences présentées au cours de l’atelier “petits ruminants”.