Veiller à la flore digestive du cheval

L’alimentation est un sujet phare en médecine équine : les connaissances dans ce domaine se sont affinées ces dernières années et nombre de pathologies peuvent aujourd’hui être associées à des déséquilibres alimentaires.

L’atelier de la commission équine de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) a ainsi fait une large place, le 19 mai, à la physiologie digestive, à la pathologie, mais également aux aspects pratiques pour prodiguer des conseils aux détenteurs d’équidés. Un exergue a aussi été mis sur la poulinière et sur les chevaux âgés dont le nombre augmente, et alors que la considération du microbiote digestif de ces derniers peut apporter une solution au problème d’amaigrissement chronique.

Samy Julliand, directeur de Lab to Field (recherche et conseil en nutrition équine) insiste en effet sur la prise en compte du tractus digestif dans son ensemble : de la bouche (le cheval est un brouteur sélectif, dont le temps d’ingestion est variable selon la nature des aliments) jusqu’au petit côlon et au rectum, où l’eau continue à être absorbée en parallèle des acides gras volatils (AGV), alors que les crottins se forment progressivement.

Importance du microbiote

Le tractus digestif du cheval est un microbiote essentiel, en lien non seulement avec sa santé, mais aussi avec sa performance sportive. La vie microbienne permet l’absorption des produits de la digestion. « La dégradation des glucides facilement fermentescibles commence dans l’estomac avec les bactéries amylolytiques gastriques et se poursuit dans l’intestin grêle. Le gros intestin est le fermenteur principal du cheval », développe Samy Julliand. Les bactéries sont utilisatrices de parois végétales, qui vont être fermentées et produire une grande quantité d’AGV (considérés comme le carburant majeur du cheval). Elles sont aussi utilisatrices d’amidon et la fermentation de ce dernier génère la production d’AGV et d’acide lactique au pouvoir acidogène. Ainsi, la nature de l’aliment influence la digestion. Si la quantité de concentrés ingérés augmente, les bactéries cellulolytiques diminuent, de même que le pH, pouvant aller jusqu’à l’apparition de coliques, voire de fourbure alimentaire. « L’absorption des acides aminés et des acides gras a lieu majoritairement dans l’intestin grêle » , poursuit Samy Julliand.

Prévenir les troubles par une bonne gestion de l’alimentation

« Le cheval est prédisposé à l’apparition de coliques, en particulier dans notre monde moderne qui le confine au box et qui associe souvent une distribution insuffisante de fourrages à une quantité importante de concentrés », note Alain Sensebrenner, praticien à Truchtersheim (Bas-Rhin). Il rappelle aussi que le cheval à un besoin physiologique considérable en eau, de l’ordre de 20 à 60 litres par jour. « La prévention des risques se fera sur la quantité de fourrages et de concentrés, sur le nombre de petits repas, sur la régularité des horaires de distribution, etc. »

« La moitié des cas de fourbure sont d’origine alimentaire, alerte notre consœur Sophie Paul-Jeanjean (Merial), liés à des glucides facilement fermentescibles, comme l’amidon ou l’herbe très riche en fructane ».

Samy Julliand insiste ainsi sur les points clefs d’une bonne alimentation : contrôler l’apport en amidon (au maximum 1 g par kg de poids vif, PV, par repas), en fourrages essentiels (a minima 1 % du PV en matière sèche de foin), éviter les périodes de jeûne supérieures à 6 heures et respecter celles de transition alimentaire de 7 jours pour toute introduction d’aliment.
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