Cinq académies au diapason contre l’antibiorésistance

Déjà en 2012, une séance spéciale sur l’antibiorésistance avait réuni l’Académie d’agriculture de France, l’Académie nationale de médecine, l’Académie nationale de pharmacie et l’Académie vétérinaire de France. L’Académie nationale de chirurgie dentaire s’est jointe à elles pour l’organisation, le 15 juin dernier, d’un colloque détaillant les études menées afin de mieux cerner la présence et la diffusion des bactéries résistantes aux antibiotiques (ou leurs gènes de résistance) dans l’environnement et de discuter des pistes offertes par les recherches, notamment en biotechnologies, qui pourraient permettre de continuer à lutter contre les infections bactériennes.

Prescrire moins et mieux

Médecins et vétérinaires sont engagés dans la lutte contre l’antibiorésistance depuis de nombreuses années, l’implication des dentistes est plus récente. « Les chirurgiens-dentistes sont souvent des prescripteurs d’antibiotiques, dans des cas où ce n’est pas absolument nécessaire. Un travail important a déjà été effectué afin d’identifier les patients à risque et les cas où une prescription est indispensable. Pour la plupart des patients, les infections de la cavité buccale relèvent d’une bonne hygiène », explique Louis Maman, chirurgien-dentiste dans le groupe hospitalier universitaire Pitié-Salpêtrière-Charles-Foix, qui représentait l’Académie nationale de chirurgie dentaire lors de la conférence de presse donnée en marge du colloque.

Les résultats obtenus grâce aux plans de réduction de l’usage des antibiotiques sont soulignés, en particulier en santé animale. Le plan ÉcoAntibio 2012-2017 vise une baisse de 25 % de leur utilisation. Arlette Laval, professeur émérite en médecine des animaux d’élevage à Oniris, rappelle que « dans la consommation, il n’y a pas que la quantité, il y a aussi la façon d’utiliser les antibiotiques ». Un point souligné également par François Bricaire en médecine humaine : « Si on décide de prescrire, il faut le faire correctement et sélectionner le meilleur antibiotique pour le cas considéré. En médecine, on ne peut que déplorer la mauvaise utilisation des antibiotiques », explique le médecin-chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital universitaire Pitié-Salpêtrière. À la différence de la santé animale, une utilisation raisonnée des antibiotiques ne peut être réglementée par décret en médecine humaine.

Des solutions alternatives, de nouvelles molécules et des moyens de maintenir l’efficacité de celles déjà existantes sont en cours de recherche ou de développement : utilisation des phages (bloquée en Europe par des freins réglementaires) et des peptides antimicrobiens, recherche sur les bactéries non cultivables par des moyens classiques, méthode des “ciseaux à ADN” que sont les nucléases guidées par acide ribonucléique ou ARN (appelées CRISPR-Cas, pour clustered regularly interspaced short palindromic repeats), qui pourraient couper les gènes de résistances dans l’ADN des bactéries, etc. Mais les innovations seront réservées à l’homme. Les vétérinaires devront s’appuyer sur l’existant et, surtout, sur la prévention.
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