La thérapie par les anticorps, une piste en allergologie

Au cours du 8^e congrès mondial de dermatologie vétérinaire organisé par la World Association for Veterinary Dermatology (WAVD) à Bordeaux¹, Zoetis a organisé un symposium autour des innovations dans la gestion des maladies allergiques, notamment la thérapie par les anticorps, pour lequel sont intervenus Thierry Olivry, Douglas Deboer et Andrea Gonzales². Les anticorps monoclonaux recombinants spécifiques représentent une option thérapeutique intéressante en raison de leur capacité à se lier à une cible spécifique (épitope antigénique) et de leur mode d’action unique. Seule limite, la cible doit être présente chez l’individu. Ce sont des molécules généralement sûres, qui requièrent des fréquences d’administration variables en raison de leur demi-vie plasmatique longue. Les anticorps monoclonaux peuvent cibler des molécules solubles (telles que des cytokines), des récepteurs, des membranes plasmiques de cellules tumorales. Une application en tant qu’agent anti-infectieux est envisagée.

Des applications lors de dermatite atopique

De plus en plus de données sont disponibles pour comprendre la physiopathologie de la dermatite atopique canine. Le rôle des cytokines, de leur production et de leur dérégulation prend une importance majeure. En effet, après une exposition expérimentale de chiens sensibilisés à des allergènes, une augmentation de la production par les lymphocytes T de certaines cytokines est observée, en particulier l’IL-4 (activatrice de cellules immunitaires), l’IL-13 (qui favorise l’altération de la barrière cutanée) et l’IL-31 (qui stimule les voies neuronales du prurit). Or, des études ont montré que l’oclacitinib (Apoquel^®), inhibiteur des janus kinases, développé pour le traitement du prurit associé aux dermatoses allergiques, inhibe également la production d’IL-31, d’où une action antiprurigineuse rapide. Des travaux de recherche se sont donc intéressés à la synthèse d’anticorps monoclonaux qui seraient capables de neutraliser cette interleukine.

Une spécialité disponible aux États-Unis

Le lokivetmab est un anticorps monoclonal contenu dans Canine Atopic Dermatitis Immunotherapeutic^®, commercialisé, sous licence conditionnelle³, uniquement aux États-Unis pour le moment. Il fonctionne sur la même voie que l’oclacitinib, mais cible spécifiquement l’IL-31. Bien que la réponse soit observée dans les jours suivant son administration et soit moins rapide que celle de l’oclacitinib, le lokivetmab a l’avantage d’avoir une demi-vie plasmatique longue, permettant une persistance du principe actif dans l’organisme plusieurs semaines après une unique injection sous-cutanée. La fréquence d’administration recommandée est d’une injection mensuelle, à renouveler selon les besoins. Les études et les premiers retours de son utilisation sur le terrain démontrent une bonne efficacité et une sécurité d’emploi. La spécialité peut être utilisée chez les animaux qui ont une réponse insuffisante à l’oclacitinib, mais rien ne permet de prévoir laquelle de ces deux molécules sera la plus efficace chez un individu. Cela est certainement dû à la complexité de la physiopathologie de la dermatite atopique, comparée à la cible unique du lokivetmab, et renforce l’idée selon laquelle chaque animal doit être également pris en charge de façon individuelle et multimodale (gestion des surinfections, lutte antiparasitaire, éviction alimentaire si nécessaire, immunothérapie spécifique, etc.).
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¹ Voir La Semaine Vétérinaire n° 1679 du 17/6/2016, page 25.

² Respectivement diplômé des collèges européen et américain de dermatologie vétérinaire, professeur d’immunodermatologie à l’université de Davis, Californie ; diplômé du collège américain de dermatologie vétérinaire et professeur à l’université de Wisconsin-Madison ; directrice du groupe de recherche thérapeutique international de Zoetis.

³ Obtenue en 2015. Les tests d’efficacité sur le terrain sont encore en cours.