Les comptages de cellules somatiques en hausse dans les élevages caprins

L’analyse de l’ensemble des comptages de cellules somatiques (CCS) collectés en routine dans le cadre du contrôle laitier officiel sur l’ensemble du territoire national et stockés dans le système d’information caprin montre qu’ils ont augmenté depuis une quinzaine d’années. La hausse est de 43 % en race alpine et de 55 % en race saanen, avec une accélération sur les trois dernières campagnes de collecte. En parallèle, le statut infectieux des animaux s’est accru : le nombre de chèvres déclarées gravement infectées a augmenté de 3 % en race alpine et de 6 % en race saanen, alors que le nombre de chèvres saines a diminué. Le rang et le stade de lactation (taux plus important chez les animaux plus âgés et à partir de 150 jours de lactation), la période de mise bas (taux cellulaire plus élevé lors de mises bas en été) et le niveau de production des chèvres (CCS plus faibles chez les plus productrices) font partie des principaux facteurs de variation. Les conditions de traite (monotraite ponctuelle, lactations longues, etc.) peuvent être des facteurs favorisants. Les CCS présentant un déterminisme génétique, une des pistes pour limiter la hausse dans les élevages serait de prendre en compte ce caractère dans le schéma de sélection caprin.

Contribuer génétiquement à diminuer les CCS

Ainsi, depuis 2013, une évaluation génétique a permis de développer un modèle d’indexation pour calculer un index cellules (Incell) pour les deux principales races caprines. Afin de l’intégrer dans l’index combiné caprin (ICC), regroupant les index de production caprin (IPC) et de morphologie de la mamelle (IMC), plusieurs voies ont été étudiées, selon l’origine paternelle et la future utilisation du descendant. Les résultats ont permis de définir une pondération optimum pour l’index Incell dans l’index de synthèse caprin, qui permette d’espérer une diminution annuelle du CCS, tout en maintenant un niveau de production laitière satisfaisant.

En race alpine, il n’existe pas de corrélation génétique entre les CCS et la production laitière. En revanche, elle est établie en race saanen, l’ICC actuel agissant dans le sens d’une dégradation du niveau cellulaire. Ainsi, la nouvelle formule de l’ICC est : ICC = 63 % IPC + 25 % IMC + 12 % Incell en race alpine ; et ICC = 55 % IPC + 28 % IMC + 17 % Incell en race saanen. Cette formule est utilisée depuis 2014 dans le schéma de sélection afin de procréer des boucs améliorateurs pour le caractère concentrations cellulaires du lait, qui pourront être pris en compte par les éleveurs dans leurs plans d’accouplement. Une diminution annuelle du CCS d’environ 0,7 % en moyenne, soit d’un peu plus de 10 000cellules/ml de lait, pourrait ainsi être envisagée dans les deux races pour les saisons à venir.

Les effets des conditions d’élevage sur les CCS sont difficilement différenciables de la génétique propre à l’animal. Toutefois, quelle que soit la charge infectieuse de l’élevage, les chèvres issues d’un bouc améliorateur pour le caractère CCS présentent des laits en moyenne moins riches en concentrations cellulaires que les autres. Ces boucs peuvent ainsi être une façon de contribuer à l’amélioration des CCS.
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