Collines et monticules

Point commun entre ces deux histoires, elles se déroulent en terrain meuble, métaphore, pour l’une, du fossé creusé entre un villageois et un animal, prédateur du gazon que son propriétaire protège, et, pour l’autre, d’un cheminement dans la neige et dans la pensée d’un trappeur moins exterminateur qu’il ne veut l’avouer. Leurs aires de jeu, jardinet ou forêt, pourraient faire naître bien du plaisir.

Dans la première bande dessinée, sans paroles, à la “Tex Avery”, un père met en difficulté une taupe et, du même coup, ses propres enfants, déterminés à la sortir de l’impasse (mais leur enthousiasme aura aussi un effet secondaire). Pour simuler cette agitation, Dawid, au dessin, et Delphine Cuveele, au scénario, déploient des scènes très découpées avec, en fil rouge, les galeries qui semblent s’animer sous nos yeux. Si, à la fin de Trappeurs de rien, la conscience (le raton laveur) ouvre une porte de secours à l’un des protagonistes, la taupe de Dessus dessous, elle, devra son salut à l’intervention des bambins et à son tempérament, agacée par tant de dérangement. Moins terre à terre, l’album tout frais de Thomas Priou (dessin), Pog (scénario) et Johann Corgié (couleurs) introduit un trio d’animaux qui campent des humains… qui campent, entre deux excursions, autour d’un feu et d’une boîte de haricots rouges. Derrière la simplicité de cette partie de chasse renaît l’idée de ce qu’il faut sauver et sacrifier : sauver la face, quitte à sacrifier la nature ? Ou sacrifier sa relation avec ses amis, pour sauver sa propre nature ? Un épisode court (la suite de Caribou est déjà programmée), teinté d’humour et aux couleurs douces, traduisant un effort de dépouillement pour initier les plus jeunes, dès 5 ans, au neuvième art.

D’une certaine manière, la discrétion également assumée dans le format – moyen – des deux albums ressemble à ces échappées en catimini du petit mammifère solitaire et de Croquette, Georgie et Mike, seuls dans la vallée. Avec, au bout de la lecture, un bel apprentissage du monde des grands et de la BD.
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Dessus dessous de Delphine Cuveele et Dawid, Éditions de la Gouttière, 19 x 25,5 cm, 36 pages, 9,70 €.