ENQUÊTE SUR LES ABATTOIRS
ACTU
Auteur(s) : MARINE NEVEUX
La commission de l’Assemblée nationale poursuit ses auditions sur les conditions d’abattage des animaux, parallèlement à la diffusion sur Internet d’une nouvelle vidéo choc. Le président de La Fondation droit animal, éthique et sciences a avancé ses préconisations.
Le 29 juin, l’association L214, déjà à l’origine des précédentes révélations, a rendu publique une nouvelle vidéo montrant les sévices infligés aux ovins et aux bovins dans deux abattoirs français, à Pézenas (Hérault) et à Puget-Théniers (Alpes-Maritimes)1. Ce même jour s’est déroulée l’audition de Jean-Claude Nouët, président de La Fondation droit animal, éthique et sciences (LFDA), qui a été menée par la commission d’enquête sur les conditions d’abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français2.
Cette fondation, créée en 1977, rassemble des personnalités scientifiques, philosophiques, juridiques et littéraires. En 1978, la LFDA a été corédactrice de la Déclaration universelle des droits de l’animal, proclamée solennellement à l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), dont l’article 3 stipulait : « Si la mise à mort d’un animal est nécessaire, elle doit être instantanée, indolore et non génératrice d’angoisse ». En 1985, la LFDA a obtenu le premier règlement européen imposant l’étiquetage du mode d’élevage des poules sur les boîtes d’œufs. Bien d’autres avancées ont suivi. L’association porte des idées en matière législative, pour proposer des amendements, des textes, mais elle n’exerce pas d’action sur le terrain. Son objectif est de faire progresser le droit en se fondant sur les évolutions scientifiques et éthiques de la société.
« La LFDA demande l’étourdissement systématique avant tout abattage. L’absence d’étourdissement est contradictoire avec les prescriptions générales du règlement, explique Jean-Claude Nouët. Les dérogations qu’il permet ne respectent en rien le caractère sensible de l’animal à qui ne sont épargnées ni douleur, ni souffrance, ni angoisse. Celles-ci rendent impossibles pour le consommateur un choix en toute connaissance de cause. Et à défaut de suppression des dérogations, nous demandons, lors d’un abattage sans étourdissement préalable, qu’au moins soit pratiqué un étourdissement post-jugulation immédiat. »
Face aux images accablantes sorties des chaînes des abattoirs, le président de la LFDA s’indigne : « On peut se demander si le personnel est vraiment conscient des peines qu’il encourt. Nous voulons que des mesures dissuasives soient mises en place ». Il préconise un durcissement des sanctions : « Les actes de maltraitance au sens du Code pénal doivent être des délits. » Le code prévoit des peines pour les actes de cruauté inférieures à celles prévues en cas de vol, or « il est infiniment plus grave, d’un point de vue moral, de torturer un animal, de le faire souffrir, de lui infliger des sévices… que de le voler ». Il y a là une révision du code à entreprendre.
Jean-Claude Nouët souligne l’importance du lanceur d’alerte. Ce point doit être notifié dans le contrat de travail. « Les formations dispensées au responsable protection animal (RPA) et au personnel sont insuffisantes, elles restent théoriques, déplore-t-il. Un volet pratique devrait être mis en place. Le taux de réussite à l’examen est de 99 %, c’est tout à fait exceptionnel, mais l’accès à Internet est autorisé pour répondre aux questions… Il semble difficile d’affirmer que la formation est suffisante pour former correctement le personnel. »
Le RPA devrait être présent dans tous les abattoirs, ce que ne prévoit pas le règlement européen, qui prend en compte la taille des structures. Selon la LFDA, il doit même « être en interaction constante avec le personnel et bénéficier d’un statut particulier ».
Enfin, la fondation incite les responsables d’abattoir à mettre en place un système de surveillance vidéo : « Cela peut décourager les actes de malveillance et être un outil de formation continue, de correction.
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2 Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1673 du 6/5/2016, page 19, et n° 1674 du 13/5/2016, pages 16 et 17.
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