L’avenir de Merial se conjugue en allemand

Fin 2015, Sanofi et Boehringer Ingelheim entamaient des négociations exclusives en vue de l’échange de certains de leurs actifs concernant la division santé animale (Merial) du premier et l’activité santé grand public du second. Le 27 juin dernier, les laboratoires ont confirmé la nouvelle avec la signature¹ d’accords définitifs scellant leurs engagements. L’activité santé grand public de Boehringer Ingelheim, valorisée à 6,7 milliards d’euros, sera transférée à Sanofi, tandis que Merial, la division santé animale de Sanofi, valorisée à 11,4 milliards d’euros, viendra compléter les actifs du laboratoire allemand. L’opération prévoit aussi le versement, par ce dernier, d’un montant brut de 4,7 milliards d’euros à Sanofi, correspondant à l’écart de valorisation entre les deux activités. Cette transaction devrait être effective à la fin de cette année, si les accords signés sont validés par les autorités réglementaires compétentes.

Un nouveau leader sur le marché

Cette opération permettrait aux deux laboratoires de tenir une place de leaders mondiaux dans les secteurs concernés. Le rachat de Merial permet à Boehringer Ingelheim de se positionner confortablement sur le marché du médicament vétérinaire, avec un chiffre d’affaires estimé à 3,8 milliards d’euros en 2015. Sanofi indiquait déjà en décembre dernier que « la fusion des portefeuilles et des plateformes technologiques dans le domaine des antiparasitaires, des vaccins et des spécialités pharmaceutiques positionnerait la nouvelle entité sur les principaux segments de croissance du marché de la santé animale ». Cette transaction devrait permettre à la nouvelle entité de devenir le leader du marché français du médicament vétérinaire. Les portefeuilles de marques de Merial, toutes espèces confondues (antiparasitaires, vaccins et autres spécialités pharmaceutiques), déjà connues sur le marché, devraient désormais être exploités par le laboratoire allemand. Sont concernées les marques Frontline^®, Heartgard^®, NexGard^® et Purevax^®, et, pour les animaux d’élevage, Vaxxitek^®, Eprinex^®, Ivomec^®, Longrange^®, Circovac^® et GastroGard^®. S’y ajouteraient les produits de Boehringer Ingelheim destinés aux porcs mais aussi à la vaccination des animaux de compagnie et du bétail, ainsi que d’autres spécialités pharmaceutiques. Plusieurs de ces marques, telles qu’Ingelvac Circoflex^®, Metacam^®, Ingelvac^® PRRS ou encore Duramune^®, sont déjà des références sur le marché.

Un échange gagnant-gagnant

De son côté, Sanofi a toutes les bonnes cartes pour devenir le leader mondial de la santé grand public, avec un chiffre d’affaires cumulé estimé à environ 4,9 milliards d’euros. « En signant ces contrats, nous atteignons l’un des objectifs stratégiques de notre feuille de route 2020, à savoir devenir un leader de la santé grand public et une entreprise mondiale diversifiée de santé humaine. Cet échange d’actifs nous permettra de compléter notre portefeuille santé grand public avec des marques à forte réputation. Il sera également créateur de valeur à moyen et à long terme et renforcera notre positionnement sur plusieurs pays clés », a indiqué Olivier Brandicourt, directeur général de Sanofi. Le laboratoire français misera sur des gammes stratégiques de produits pour le traitement de la douleur, des allergies, de la toux et du rhume, l’hygiène féminine, la santé digestive, ainsi que pour les vitamines, les minéraux et les suppléments.

Des mois de négociations

Il aura fallu six mois de négociations pour que les deux entreprises parviennent à un accord détaillant les modalités de la transaction. Des échanges ont été menés avec les partenaires sociaux en France et en Allemagne pour discuter du sort des différents sites. « Nous savons, tout comme Sanofi, que c’est grâce à nos collaborateurs, à leur engagement, ainsi qu’à leur excellente performance que cet échange d’actifs est attractif pour toutes les parties. Boehringer Ingelheim et Sanofi s’engagent par conséquent à assurer le succès de ces activités, de même que leur pérennité », a indiqué Hubertus von Baumbach, président désigné du conseil de Boehringer Ingelheim. Le laboratoire allemand compte donc conserver les salariés des sites de Merial implantés à Lyon et à Toulouse, qui deviendraient des centres opérationnels clés de son activité santé animale. L’entreprise devrait également maintenir les opérations commerciales, la recherche et développement et la production de Lyon, ainsi que le site de production de Toulouse.
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¹ bit.ly/292Q9q4.