La transfusion sanguine : indications et modalités

La transfusion sanguine est une technique classiquement utilisée chez le chien, voire chez le chat. Elle permet de restaurer le volume sanguin, d’apporter de l’oxygène (par les globules rouges) et des facteurs utiles pour la coagulation (par le plasma). L’opération n’est pas sans risques et des précautions doivent être prises.

Dans quels cas la transfusion sanguine est-elle utile ?

Les principales indications de la transfusion chez les carnivores domestiques sont une anémie ou un trouble de la coagulation. L’anémie peut être aiguë (hémorragie accidentelle ou chirurgicale, par exemple) ou chronique (notamment lors d’ulcère, de parasitisme ou d’insuffisance rénale chronique).

Les troubles de la coagulation sont principalement les coagulations intravasculaires disséminées (ou CIVD) et l’intoxication aux antivitamines K.

Quel type de transfusion pratique-t-on ?

La transfusion de sang frais total est le type de transfusion le plus fréquemment pratiqué. Selon les cas, cependant, le praticien pourra choisir de transfuser du sang total réfrigéré, du plasma sanguin frais, du plasma sanguin congelé ou des globules rouges uniquement ; plus rarement, du concentré plaquettaire sera utilisé en cas d’insuffisance médullaire, de thrombocytopénie.

Quels en sont les risques chez le chien ?

Comme chez l’homme, le principal risque lors de la réalisation d’une transfusion est l’incompatibilité des groupes sanguins. Chez le chien, huit groupes sanguins, nommés DEA (Dog erythrocyte antigen) 1.1, 1.2, 3, 4, 5, 6, 7 et 8, sont répertoriés. Pour autant, seul le groupe DEA 1.1 peut être à l’origine de complications lors de la transfusion. Il importe, en conséquence, de savoir si le chien est DEA 1.1 positif (il est alors A+, et receveur universel) ou DEA 1.1 négatif (il est alors A-, et donneur universel). Environ un tiers des chiens sont A- et deux tiers A+.

Par ailleurs, en urgence, la présence de pathogènes n’est pas contrôlée chez le chien. Il s’agit d’abord de sauver l’animal en le transfusant. La transmission d’une maladie infectieuse reste exceptionnelle et, dans ce cas, elle est rapidement dépistée et traitée.

Les risques sont-ils réduits lors d’une première transfusion chez le chien ?

La compatibilité des groupes sanguins peut ne pas être vérifiée, dans ce cas ; les chiens peuvent recevoir de n’importe quel chien donneur. En général, ils n’ont pas d’anticorps anti-érythocytaires présents à l’état naturel dans leur sérum. Une première transfusion est donc peu risquée chez eux. Mais lors de cette première transfusion d’un individu d’un groupe sanguin particulier à un individu d’un autre groupe, le receveur peut s’immuniser contre les antigènes sanguins du donneur.

Si une seconde transfusion a lieu avec du sang du même groupe que le précédent donneur, dans certains cas, une réaction d’hémolyse (les anticorps immuns détruisent les globules rouges incompatibles du donneur) est observée. Il est donc vivement conseillé de typer les groupes sanguins du donneur et du receveur avant une secondetransfusion.

Et chez le chat ?

Les transfusions chez le chat sont moins souvent pratiquées que chez le chien, car le risque d’accident transfusionnel est plus élevé. Les deux principaux groupes sanguins des chats (A : 85 % et B : 15 %, en Europe) ne sont pas compatibles entre eux. À la différence du chien, mais comme l’homme, le chat possède de nombreux anticorps naturels dirigés contre les antigènes des globules rouges.

Un accident hémolytique est donc possible dès la première transfusion avec un donneur du même groupe sanguin : les anticorps présents naturellement chez le chat receveur se fixent aux antigènes des globules rouges du chat donneur, provoquant leur agglutination, puis leur destruction. La vérification de la compatibilité donneur-receveur, avec la méthode du typage (détermination du groupe sanguin), s’avère, en conséquence, indispensable.

Quels sont les types de réactions transfusionnelles ?

Les réactions allergiques apparaissent dans l’heure qui suit la transfusion et se traduisent par des démangeaisons, un œdème facial et une urticaire. Elles résultent souvent d’une réaction allergique à un élément soluble du plasma du donneur. Les réactions hémolytiques sont la conséquence d’une incompatibilité des groupes sanguins. Elles se traduisent par des tremblements, de la fièvre, des vomissements, de la diarrhée, de l’agitation, une augmentation des fréquences cardiaque et respiratoire. Les réactions hémolytiques peuvent être immédiates ou retardées. En cas d’accident transfusionnel, la transfusion est ralentie ou arrêtée, et le chien traité selon les symptômes observés.

Quelles précautions doivent

être prises pour une transfusion ?

En situation d’urgence, quand les groupes sanguins du donneur et du receveur sont inconnus, le vétérinaire peut pratiquer un typage sanguin des deux chiens. La plupart du temps, seul un cross-matching (réaction croisée) est réalisé. C’est un test rapide consistant à mélanger le sang du donneur avec du plasma du receveur ; une hémolyse met en évidence leur incompatibilité. Pour les chats, une échographie cardiaque est nécessaire pour s’assurer qu’ils supporteront bien la sédation, impérative pour la transfusion féline. Celle-ci, en général, est extemporanée.
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