Phytothérapie : extraits ou plantes entières ? - La Semaine Vétérinaire n° 1683 du 12/07/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1683 du 12/07/2016

OPINION

DITES-NOUS TOUT

Auteur(s) : FRANÇOISE HEITZ 2 ET CHRISTIAN ESCRIVA 3

La parution de votre dossier sur la phytothérapie vétérinaire1, comprenant une partie consacrée aux extraits de plantes, nous a interpellés en tant que phyto-aromathérapeutes engagés dans une démarche de respect du vivant et de qualité “subtile” des produits.

Obtenir des extraits par cryobroyage, par exemple, implique l’usage de l’azote liquide (sa température est de - 196 °C). D’autres procédés font intervenir le CO2 supercritique (l’état supercritique existe, pour le CO2, à la température de 31 °C environ et à la pression de 70 bars). Les extraits utilisés en parfumerie (nommés “absolus”) impliquent des solvants tels que l’hexane et l’isohexane. La température de l’azote liquide est éloignée des conditions dans lesquelles se situe la vie, à quelques rares exceptions près, de mêmeque la pression du CO2 dans l’état supercritique (70 bars est la pression sous l’eau, à 700 m de profondeur environ).

Il est possible de se demander si ces procédés n’induisent pas d’altérations subtiles. On ne peut répondre à cette question si l’on se place sur un plan purement analytique, c’est-à-dire selon le point de vue conventionnel, celui du paradigme dominant, officiel. En effet, selon ce point de vue, un extrait CO2, par exemple, plus riche en composants qu’un extrait classique (huile essentielle, alcoolature, etc.) serait plus représentatif de la plante et doté d’une puissance thérapeutique plus grande. On pressent pourtant que l’organisation présente chez la plante vivante doit subir une altération lors de la fabrication. Mais comment l’évaluer ? Une méthode assez directe consiste à impliquer dans cette étude la sensibilité humaine, via le sens olfactif, par exemple. Ceci requiert un certain entraînement et rappelle l’estimation de la qualité d’un vin par les sommeliers.

Une telle évaluation sensible révèle de manière surprenante, pour les extraits obtenus par cryobroyage ou ceux impliquant le CO2 supercritique, une complète dislocation de l’unité perceptible chez ceux obtenus par des procédés d’extraction classique (teintures mères, huiles essentielles obtenues par distillation à la vapeur d’eau, alcoolatures, etc.). Les composants chimiques de la plante sont bien présents, ce qui en ce sens permettrait de dire que nous avons en main le “totum” de cette plante, mais ils apparaissent, lors d’une observation sensible, comme sédimentés, empilés, dépourvus de toute organisation : de tels extraits tiendraient alors davantage de la pharmacopée chimique que d’une thérapeutique naturelle qui prendrait en compte l’être vivant dans sa globalité, non réduite à sa simple enveloppe corporelle.

De plus, le prix élevé de ces extraits les rend impossibles à utiliser en élevage, alors que les plantes sèches sont faciles à distribuer aux animaux, à condition d’avoir été récoltées, séchées et conservées dans de bonnes conditions.

Il y a déjà fort longtemps, Jacques Benveniste avait démontré que la congélation rend caduque l’information des hautes dilutions homéopathiques (propos rapportés par Yann Olivaux, spécialiste de l’eau), ce qui corrobore les observations sensibles de Christian Escriva.

1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1674 du 13/5/2016, pages 44 à 49.

2 Vétérinaire, diplômée DU phyto-aromathérapie de la faculté de pharmacie de Besançon (Doubs), auteur de plusieurs livres sur les soins alternatifs aux animaux.

3 Producteur de plantes médicinales et d’extraits de plantes, auteur de différents ouvrages, dont Rencontrer les plantes (en collaboration avec Jean-Michel Florin) et Les Alcoolatures. Une nouvelle approche des teintures mères, publiés aux Éditions Amyris.

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