Impacts environnementaux de systèmes herbagers

Face à l’enjeu que représentent les impacts environnementaux des élevages de bovins, des études décrivant des systèmes fourragers ou herbagés et zootechniques ont été présentées lors des journées de rencontres autour des recherches sur les ruminants (3R) à Paris, fin 2015.

Élevage allaitant

Les impacts sur le réchauffement climatique, la consommation d’énergie et l’occupation de l’espace de deux systèmes d’élevage de bovins allaitants herbagers naisseurs contrastés ont été comparés à la ferme expérimentale de Jalogny (Saône-et-Loire).

L’étude¹ porte sur deux troupeaux de 50 vaches charolaises. Le premier système est fondé sur des vêlages de printemps (fin février à avril) et l’objectif est de caler au mieux les besoins du troupeau sur le cycle de l’herbe au pâturage. Le second système est basé sur des vêlages d’automne (août à octobre) qui nécessitent de constituer des stocks de fourrages en quantité et qualité pour couvrir les besoins des mères en lactation en hiver.

Les résultats montrent que pour une même quantité de viande produite, le premier système nécessite 16 % de surface agricole utile de plus que le second. En outre, il provoque une excrétion de 14 % de plus d’azote et de 12 % de plus de méthane entérique, ce qui conduit à augmenter l’émission brute de gaz à effet de serre de 4 %. Toutefois, sa demande est inférieure de 22 % en engrais minéral azoté, de 35 % en fuel, et la consommation d’énergie est réduite de 37 %. Enfin, ce premier système nécessite 89 % d’achats de fourrages et 73 % d’achats de concentrés en moins que le second.

Cette première étude établit ainsi un bilan contrasté. Elle permet toutefois de montrer l’impact relatif des différentes composantes de la conduite d’élevage, et la réflexion qui doit être menée à l’échelle du territoire pour chaque exploitation. Ces résultats pourraient être analysés en fonction des performances économiques de chaque système.

Élevage laitier

Afin de concilier les performances technico-économiques, sociales et environnementales de l’élevage bovin laitier, deux systèmes à hautes performances ont été testés² à la ferme expérimentale de la Blanche Maison (station des chambres d’agriculture de Normandie) sur deux troupeaux de 34 vaches normandes. La moitié des vaches de chaque troupeau vêle au printemps, l’autre à l’automne.

Le premier système est basé sur les cultures fourragères, en particulier l’ensilage de maïs, avec une surface réduite de pâturage (15 ares par vache), le second sur l’herbe (42 ares par vache). Aucun d’eux n’utilise d’azote minéral.

Quel que soit le système, la production de lait brut annualisé des vaches qui mettent bas à l’automne est plus importante. De plus, dans le système alimentaire à dominante maïs, le lait est plus riche en matières grasses et les animaux présentent un meilleur état corporel.

Concernant l’impact environnemental, les vaches du système maïs ingèrent 15 kg d’azote de plus par an sous la forme d’aliment concentré (celles du système herbe l’ingérant dans les prairies riches en légumineuses) et ont un bilan azoté supérieur. Toutefois, les impacts environnementaux sont proches en raisonnant par rapport à la production laitière (aux 1 000 litres de lait), bien que le système herbager soit davantage consommateur de surface et que le système maïs ait un impact plus important sur la qualité de l’eau.

La marge économique est très proche également pour les deux systèmes. Celle de l’herbager est légèrement meilleure puisqu’il implique des charges opérationnelles plus faibles, même si les produits sont inférieurs. Ainsi, pour des performances techniques différentes, les deux systèmes avec une conduite optimisée conduisent à des résultats économiques et environnementaux semblables.
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¹ Morel K., Farrie J. P., Renon J. et coll. Compromis production-environnement de deux systèmes bovins naisseurs herbagers aux stratégies fourragères et zootechniques contrastée. Renc. Rech. Rumin. 2015;22:65-68.

² Morin L., Rouillé B., Bac A. et coll. En Normandie, deux systèmes laitiers qui visent à concilier efficacité technico-économique et faible impact environnemental. Renc. Rech. Rumin. 2015;22:69-72.

Article rédigé d’après les journées 3R organisées à Paris, en décembre 2015.