Rappel des démarches diagnostiques utilisables par le praticien

Face à l’augmentation des cas de troubles locomoteurs chez les truies depuis leur mise en liberté conformément à la réglementation bien-être, le vétérinaire doit établir un diagnostic à la fois clinique, différentiel et étiologique, afin de proposer des conseils de maîtrise des points critiques et d’amélioration globale de l’élevage. Traiter les cas de façon individuelle au fur et à mesure de leur apparition n’est en effet pas satisfaisant et peut maintenir l’éleveur en état d’échec face à la maladie. Afin de relever ce nouveau défi, le vétérinaire peut appliquer à ce domaine différentes démarches diagnostiques, explicitées lors du dernier congrès annuel de l’Association française de médecine vétérinaire porcine (AFMVP).

La démarche adoptée doit lui permettre de mettre en évidence les facteurs favorisants et les facteurs déclenchants des troubles observés, afin de comprendre les mécanismes à l’origine de la maladie. Pour cela, il doit décrire précisément le problème.

Deux voies diagnostiques

Les premiers éléments que lui apporte l’éleveur donnent une vue de la façon dont il perçoit la situation, et celle-ci doit ensuite être objectivée par l’observation des symptômes et des lésions et l’analyse de leur évolution et des traitements qui ont été tentés. « Il convient de toujours bien écouter l’éleveur sans pour autant intégrer ce qu’il dit au pied de la lettre. Les faits qu’il relate sont en effet perçus au travers de son prisme. Il est plus sûr de prendre pour argent comptant ce que les cochons expriment », conseille Alain Riaucourt. Deux voies peuvent alors être suivies par le praticien. Notre confrère les nomme “la voie du savoir”, fondée sur l’expérience et qui aboutit à un diagnostic et à un traitement rapidement, et “l’enquête”, qui demande un cheminement plus long. Les démarches de ces deux voies comportent toutes des avantages et des exigences (tableau).

- La vérité de l’expérience : le praticien pioche dans son expérience le diagnostic le plus probable en fonction des symptômes observés. Cette approche doit être évitée car elle ne tient souvent pas compte des diagnostics différentiels.

- La dichotomie est la méthode des algorithmes, qui consiste à répondre par oui ou par non à des assertions et permet d’éliminer des hypothèses à travers un arbre diagnostique. L’omission de certains diagnostics différentiels peut ainsi être évitée.

- Le diagnostic de panne et la méthode QQOQCCPP (qui consiste en sept questions : qui, quoi, où, quand, comment, combien, pourquoi et pour qui) : ces approches définissent les circonstances d’apparition d’une situation en la décrivant pour en déterminer les causes, y compris celles auxquelles le praticien ne s’attendait pas.

- L’analyse écopathologique est une démarche analytique mise en place par l’équipe de la station de pathologie porcine de Ploufragan (Côtes-d’Armor), qui considère l’état de santé comme la synthèse de l’influence de six domaines : conduite, éleveur, animal, logement, alimentation et microbisme. Leur analyse permet de déterminer les facteurs de risque, et le diagnostic est multifactoriel.

Le praticien peut ainsi choisir les démarches lui convenant, sans oublier l’importance d’envisager plusieurs hypothèses diagnostiques qui doivent être mises en compétition, vérifiées et testées.
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