Conseils d’alimentation pour un sevrage réussi en élevage allaitant

Une conduite alimentaire réussie jusqu’au sevrage permet d’éviter de nombreux troubles de santé et d’optimiser les performances zootechniques futures des animaux. Le praticien doit prendre sa place de conseiller durant cette période clé, qui correspond au passage de la digestion monogastrique enzymatique d’une alimentation totalement liquide (lait) à la digestion polygastrique fermentaire d’aliments solides (fourrage et concentrés), en passant par une alimentation mixte, liquide et solide dans la caillette et le rumen.

Complémenter dès 8 jours d’âge

Une complémentation doit être mise à disposition des veaux dès la deuxième semaine de vie. En effet, avec une alimentation lactée exclusive, la croissance du veau est rapide, mais le rumen ne se développe pas et un amaigrissement ou des troubles digestifs risquent d’apparaître au sevrage.

L’apport de fourrage et de concentrés permet le développement du rumen et assure une meilleure croissance de l’animal avant et après le sevrage. Le fourrage, par un effet mécanique, provoque une augmentation du volume du rumen et de la taille des papilles, et le développement de la musculeuse du rumen, qui stimule la rumination et l’éructation. Les concentrés assurent une augmentation du nombre de papilles et leur stimulation, ainsi qu’un apport d’azote pour le développement des bactéries ruminales. Enfin, de l’eau doit être mise à disposition des veaux dès la première semaine de vie, car, en passant directement dans le rumen, elle humidifie son contenu et contribue au développement de la flore microbienne.

Ainsi, du fourrage doit être laissé en libre-service (herbe au pré ou foin de bonne qualité en stabulation), de même que l’eau et le sel, dès 8 jours d’âge. Un aliment premier âge doit être distribué (environ 25 g par jour à 1 semaine d’âge, jusqu’à 1,5 kg à 6 semaines), jusqu’à 3 mois environ. Cet aliment doit comporter de l’amidon lent (grains de maïs), et apporter environ une unité fourragère lait (UFL)/kg de matière sèche (MS), 17 à 20 % de matières azotées totales (MAT) et 12 % au minimum de cellulose brute. Les matières premières doivent être de bonne qualité. L’aliment peut être distribué sous forme floconnée ou mélangée. Il convient d’éviter la forme semoule, qui se dégrade trop rapidement, et les céréales à paille (risque d’acidose).

Adapter le complément aux objectifs

Après 3 mois d’âge, la complémentation varie selon le devenir des animaux (broutard, taureau, génisse de renouvellement, notamment) et l’objectif à atteindre (gain moyen quotidien, GMQ, à court ou moyen terme, fertilité, longévité). Pour un GMQ rapide, l’aliment concentré doit fournir au minimum 1 UFL/kg de MS et 18 à 24 % de MAT. Cette complémentation n’est pas adaptée aux animaux à engraisser lentement ni aux troupeaux de renouvellement, car elle réduit leurs performances de reproduction, de lactation et de longévité. Pour ces derniers, l’apport en MAT doit être de 14 %, en évitant les céréales à paille, à l’origine d’acidose. Pour les taureaux reproducteurs, il est recommandé de fournir l’aliment premier âge jusqu’à 5 à 6 mois, en augmentant progressivement les quantités, afin de garantir à la fois un fort GMQ et de bonnes fertilité et longévité.

Enfin, il est conseillé de réduire la quantité de lait à partir de 5 mois d’âge, au moment où la lactation de la vache se réduit naturellement.
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