Violence : la face obscure du lien homme-animal - La Semaine Vétérinaire n° 1685 du 31/08/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1685 du 31/08/2016

SOCIÉTÉ

ACTU

Auteur(s) : LORENZA RICHARD 

La maltraitance animale n’est désormais plus considérée comme un phénomène isolé. Elle est souvent reliée à des violences intrafamiliales, comme le montrent plusieurs études menées aux États-Unis.

Lors de la 14e conférence internationale sur la relation homme-animal1, Phil Arkow, de la National Link Coalition, a expliqué que la violence domestique est une question de pouvoir et de contrôle et que la maltraitance animale s’intègre dans ce schéma : l’agresseur peut menacer de frapper le chien ou de le tuer pour intimider la femme. Quelques-uns peuvent même en tirer fierté, car cela leur donne une certaine image de virilité. Les résultats d’une étude présentée par Shelby McDonald, de la Virginia Commonwealth University School of Social Work, montrent que 84 % des femmes en refuge pour violence domestique ont déclaré que leur partenaire exerçait du chantage via leur animal, et il était passé à l’acte pour plus de la moitié d’entre elles.

L’enfant, une autre victime

D’après la même étude, les enfants assistaient également aux scènes de violence sur l’animal, et 93 % d’entre eux en étaient bouleversés. L’animal de compagnie est souvent pour les enfants un régulateur émotionnel, et ils ne vivent pas ces situations de la même façon qu’un adulte. Ainsi, alors que 66 % d’entre eux étaient résilients, 20 % ont développé des troubles de l’attention et du comportement et 6 % étaient fortement perturbés.

De plus, les enfants peuvent répéter cette violence : d’après leurs mères, 10 % des enfants ayant assisté à la maltraitance de leur animal l’avaient blessé à leur tour. Franck Ascione, de l’université de Denver, explique que la cruauté envers les animaux commence chez les enfants dès 6 à 7 ans, soit par manque d’empathie, soit parce qu’ils en ont eux-mêmes été victimes. Elle est un facteur de risque pour d’autres formes de violence, allant jusqu’au crime.

La maltraitance animale est ainsi un signe d’alarme fort, et il peut être un premier accès vers des familles à problèmes et des comportements dangereux. Phil Arkow déplore que les professionnels s’y intéressent encore trop peu. Pour faire avancer les choses, un travail interdisciplinaire devrait être mis en place entre vétérinaires, médecins, policiers, juges, législateurs, etc. C’est le cas dans certains États d’Amérique, où les vétérinaires doivent rédiger un rapport si une violence sur les animaux est constatée, et le Federal Bureau of Investigation (FBI) dispose d’une base de données nationale sur la maltraitance faite aux animaux depuis janvier 2016.

Le vétérinaire en première ligne

En effet, le vétérinaire est, pour 42 % des personnes interrogées, le premier professionnel qui peut intervenir en cas de violence envers les animaux, devant la police (24 %). Le praticien peut ainsi déceler des problèmes, les victimes ayant davantage tendance à parler des maltraitances de leurs animaux que d’elles-mêmes. De plus, la médecine légale vétérinaire peut s’attacher à distinguer les lésions accidentelles des blessures liées aux coups et à le faire valoir devant les tribunaux. Un ouvrage est paru sur ce sujet2.

La prévention de cette violence passe également par la détection précoce de la cruauté chez les enfants afin de prendre les mesures adaptées (suivi psychologique, par exemple), notamment par l’utilisation de robots en forme d’animaux (comme Biscuit, une peluche qui réagit au toucher).

Enfin, de nombreuses femmes subissant des violences domestiques (un tiers selon l’étude de Shelby McDonald) ne vont pas en refuge car elles s’inquiètent pour leur animal de compagnie : les centres d’accueil de femmes battues devraient ainsi pouvoir ouvrir leur porte également aux animaux, et les vétérinaires pourraient encourager cette initiative.

1 Cet événement, organisé par l’International Association of Human-Animal Interaction Organizations (IAHAIO), en partenariat avec la Fondation Adrienne-et-Pierre-Sommer, a eu lieu du 11 au 13 juillet à Paris.

2 Levitt L., Patronek G., Grisso T. Animal maltreatment : forensic mental health issues and evaluation. Oxford, 400 pages, 2015.

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