10 e édition du congrès Yaboumba

Quatre ans après la précédente édition, le 10^e congrès Yaboumba, du 30 juin au 2 juillet à Paris, était consacré à la médecine et à la chirurgie des animaux sauvages et exotiques. Thomas Donnelly, vétérinaire au service des NAC du Chuva¹ (Val-de-Marne), a présenté une synthèse des cardiopathies rencontrées chez les rongeurs. Il a ainsi démontré qu’il est courant de dépister des souffles cardiaques chez les chinchillas, souvent d’origine valvulaire. Une échocardiographie est recommandée, bien que l’insuffisance cardiaque congestive découlant de ces anomalies semble faible (1 %). Les traitementsà base d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, de pimobendane et de diurétiques sont alors indiqués. Les cardiopathies développées par les cobayes sont les cardiomyopathies, l’épanchement péricardique ou encore la rhabdomyomatose. Celle-ci se présente macroscopiquement sous la forme d’une masse de pâleur caractéristique. Elle n’est pas associée à des signes cliniques et doit être distinguée d’une prolifération tumorale. L’origine de cette affection est inconnue : hamartome, anomalie du métabolisme du glycogène ou dégénérescence sont évoqués. Une surveillance échocardiographique régulière est recommandée si cette affection est suspectée. Chez le hamster doré, la thrombose atriale est l’anomalie la plus fréquemment identifiée. Elle est provoquée par une insuffisance cardiaque congestive et survient chez des animaux adultes à âgés.

Des cardiopathies infectieuses fréquentes chez les oiseaux

La cardiologie des reptiles a également été mise à l’honneur avec la présentation d’un cas de cardiomyopathie restrictive chez un python tapis (Morelia spilota variegata), par notre confrère Lionel Schilliger, diplomate ECZM²herpetology et praticien à Paris. Cette présentation constituait la première description internationale d’une cardiomyopathie restrictive chez les reptiles. Une après-midi d’atelier animée par notre consœur Valérie Chetboul, du service de cardiologie de l’école d’Alfort, sur l’échocardiographie des carnivores domestiques et des reptiles a permis d’affiner ses connaissances. Les cardiopathies de ces derniers peuvent être de nature congénitale, inflammatoire, tumorale (hémangiome, angiosarcome, lymphome, etc.) ou infectieuse (infections à bactéries Gram-, mycobactéries, etc.).

Deux présentations sur les affections cardiaques des oiseaux, par Karin Lemberger et Alexandra Nicolier du laboratoire VetDiagnostics de Lyon (Rhône), ont rappelé l’importance de l’autopsie et de l’histologie pour l’établissement du diagnostic des cardiopathies. Les affections cardiaques les plus fréquentes chez les oiseaux sont les péricardites et les endocardites bactériennes, les myocardites virales, parasitaires ou fongiques, les affections dégénératives (anévrisme disséquant de l’aorte) ou les affections métaboliques et nutritionnelles (athérosclérose, carence en vitamine E et en sélénium, goutte viscérale).

L’anesthésie des poissons par balnéation

La médecine et l’anesthésie des poissons et des amphibiens ont également été largement développées durant le congrès. Même si les consultations de ces animaux restent exceptionnelles, de nombreuses méthodes de diagnostic sont extrapolables et applicables. La gastroscopie chez les amphibiens, par exemple, est un examen précieux. L’observation de l’estomac peut également être effectuée à l’aide d’un spéculum sur des individus de grande taille anesthésiés, pour permettre une inspection visuelle, le retrait de corps étrangers et la réalisation de prélèvements.

L’utilisation de l’isoflurane ou de l’alfaxalone en balnéation provoque un stade anesthésique permettant des manipulations et des soins, voire de courtes procédures chirurgicales chez les poissons. L’eau habituelle de l’aquarium est utilisée, afin de ne pas induire de modifications environnementales brutales. Deux bacs contenant les dilutions anesthésiques d’induction et d’entretien sont mis en place, ainsi qu’un autre pour le réveil du poisson. L’eau doit être correctement oxygénée et sa température surveillée durant toute la procédure. La surveillance anesthésique repose sur l’inspection visuelle du mouvement des branchies et de la gueule. Les doses et les molécules anesthésiques utilisables sont variables selon l’espèce considérée et la procédure envisagée.
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¹ Centre hospitalier universitaire vétérinaire d’Alfort.

² European College of Zoological Medicine.