Femme au bord de la crise de nerfs

Le déni sans nuances d’une absence de barrière entre l’homme et l’animal se heurte à des cas limites. Quand, par exemple, la justice fait appel au témoignage d’un chien (ce fut le cas en 2008 pour le suicide suspect d'une riche veuve de Neuilly). L’absurde de la situation n'a pas échappé à Justine Triet, qui s’en inspire pour son film dans le procès dont son personnage principal assure la défense. On y voit un expert vétérinaire essayer – sans convaincre – de traduire les réactions d’un dalmatien nommé Jacques confronté à l’accusé. Au-delà de la jubilation des scènes d’audience – où entreront aussi en jeu des selfies réalisés par un chimpanzé –, l’orchestration de cette comédie, digne épigone des comédies classiques américaines, dessine l’éblouissant portrait d’une héroïne bien d’aujourd’hui.

Victoria, fin de trentaine, mère célibataire, avocate pénaliste à la rhétorique bien aiguisée, assume en battante sa vie mouvementée de femme indépendante. Elle gère ses enfants, travaille, boit, fume, parle, consulte (analyste, voyante) et couche (via Tinder). Quand son baby-sitter la lâche, que son ex étale sa vie sur le net et qu’un ami, accusé de tentative de meurtre, l’implore de le défendre, elle se heurte à un séisme émotionnel qui met à vif le chaos de sa vie privée et professionnelle. Brillants, scénario et réalisation offrent à Virginie Efira l’occasion rare de déployer une épatante palette de jeu. Entre euphorie et dépression, cynisme et romantisme, fantaisie et profondeur.
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Victoria de Justine Triet, avec Virginie Efira, Vincent Lacoste, Melvil Poupaud, Laure Calamy, Laurent Poitrenaux, 1 h 36, sortie le 14 septembre.