CONFÉRENCE
PRATIQUE CANINE
Formation
Auteur(s) : GWENAËL OUTTERS
Le furet, putois domestiqué dont la longévité est de 7 à 9 ans, a un dimorphisme sexuel marqué. Le cycle de la femelle est saisonnier, polyœstrien, à ovulation provoquée par le coït (ou d’autres facteurs tels que des manipulations). Les éléments majeurs influençant l’entrée en reproduction sont le statut nutritionnel et surtout la photopériode. Les furets entrent en puberté entre 5 et 9 mois, en fonction de la photopériode. Chez le mâle, elle survient en décembre de l’année de naissance ; chez la femelle plutôt en février ou en mars suivant la naissance, mais il est constaté de nombreuses exceptions tenant à l’environnement et à l’éclairage domestique. Le rut (ou les chaleurs) est marqué par une augmentation de l’agressivité, du marquage urinaire et l’odeur corporelle chez le mâle. Le pelage devient fin et séborrhéique. Chez la femelle, l’œdème vulvaire est important dès les 2 ou 3 premiers jours. En l’absence de saillie chez la femelle, celle-ci reste en chaleur et développe un hyperœstrogénisme à l’origine d’anémie et de troubles hémorragiques pouvant entraîner la mort. Ainsi, une furette non destinée à la reproduction doit impérativement être stérilisée.
La stérilisation temporaire concerne uniquement les furettes à potentiel reproductif. L’emploi d’un mâle vasectomisé permet une ovulation 30 heures après la saillie, qui est suivie d’une pseudogestation d’environ 6 semaines. La pression mécanique sur le col utérin (via un cathéter ou un écouvillon fin) est décrite, mais non recommandée.
Le déclenchement de l’ovulation est obtenu après injection par voie intramusculaire (IM), à partir du 10e jour d’œstrus, de 1 000 UI d’hormone chorionique gonadotrope (hCG), qui provoque un pic d’hormone lutéinisante (LH). L’œdème vulvaire disparaît en quelques jours et le retour en œstrus est observé 8 semaines plus tard si les conditions sont favorables. L’hormone de libération des gonadotrophines hypophysaires (GnRH, 20 µg IM) est utilisée avec les mêmes indications. Les injections doivent donc être répétées, avec des risques de réaction anaphylactique décrits.
Les progestatifs provoquent de nombreuses complications chez le furet (alopécie, naissances prématurées à la reproduction suivante, métrite ou perte de poids) et leur utilisation est donc à proscrire.
Tous les animaux non destinés à la reproduction sont des candidats à la stérilisation définitive et elle est indispensable chez la furette. Chez le mâle, elle permet en outre de contrôler l’inconfort lié au rut et la cohabitation entre des furets mâles.
Implant de desloréline
- Mode d’action. L’implant de desloréline (Suprélorin®) est un dispositif à libération prolongée et continue d’un agoniste de la GnRH. Il induit dans un premier temps une production de LH et d’hormone folliculostimulante (FSH) à l’origine de comportement de rut, puis les récepteurs hypophysaires sont saturés et la production hormonale stoppée. Les hormones sexuelles ne sont plus produites, ni par les gonades ni par les surrénales. L’implant de 9,4 mg possède une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour la stérilisation du furet mâle.Son délai de latence est de 5 à 14 semaines et sa durée d’action de 1,5 à 4 ans. Chez la femelle, ces valeurs contre-indiquent son utilisation pendant l’œstrus (elle ne doit pas rester plus de 1 mois en œstrus). Il est alors conseillé d’implanter le dispositif dosé à 4,7 mg (hors AMM), dont le délai de latence est de 4 à 6 semaines pour une action d’environ 2 à 3 ans. L’âge de retraite de la reproduction recommandée étant de 2 à 3 ans (entrée en période gériatrique à l’âge de 3 à 4 ans), l’utilisation de l’implant est considérée comme une stérilisation définitive dans cette espèce. L’implant permet de contrôler l’un des facteurs de développement de la maladie surrénalienne mais, ponctuellement, des furettes implantées développent la maladie.
- Mise en place. L’implant est indiqué chez les furets en bonne santé, pubères, au début de la période de reproduction ou chez des furets ayant déjà reproduit, après une échographie de contrôle de l’appareil reproducteur et des surrénales. La mise en place se fait au cours d’une anesthésie flash après tonte et désinfection du site, en zone préscapulaire large. Après une incision de la peau, l’implant est injecté par voie sous-cutanée et la plaie est refermée à l’aide de colle chirurgicale ou de points de suture. Au retour en rut, il n’y a aucun argument, selon notre consœur, pour stériliser les individus et elle recommande de renouveler l’implant, sans extraire l’ancien. Un contrôle échographique des surrénales est effectué de préférence.
- Complications. La principale complication démontrée de l’implant est la non-détection du retour en chaleur : il convient de bien informer les propriétaires. Quant aux complications théoriques, il est légitime de se poser la question de l’induction par les injections répétées d’un corps étranger de granulomes, de tumeurs ou de déviations immunitaires. À l’heure actuelle, aucune complication de cet ordre ne figure cependant dans les études publiées.
Stérilisation chirurgicale
La stérilisation chirurgicale est une technique définitive dont le coût est prévisible. Elle peut être envisagée sur la furette ayant reproduit, surtout si le propriétaire refuse l’échographie préimplantatoire. Le lien avec la maladie surrénalienne doit être considéré et discuté avec les propriétaires (encadré). La rémanence ovarienne est très fréquente chez la furette ; les risques anesthésiques et chirurgicaux sont présents.
- Chez le mâle. La technique chirurgicale ne présente pas de particularité par rapport à la castration chez le chat. Elle est envisagée après une diète réduite de 3 à 4 heures. La température corporelle est surveillée et la pression artérielle maintenue par une perfusion peropératoire. La technique est classique, à testicule découvert. La suture de la plaie est conseillée par notre consœur. L’antibioprophylaxie n’est pas nécessaire et l’analgésie ne doit pas être oubliée.
- Chez la femelle. La rémanence ovarienne postopératoire est fréquente et les risques de pyomètre, lors de maladie surrénalienne, aboutissent au consensus actuel selon lequel l’ovariohystérectomie est recommandée, quel que soit l’âge de la furette. La technique chirurgicale est classique. Cependant, pour limiter la dissémination des cellules ovariennes, la manipulation des ovaires doit être minimale. La ligature des pôles vasculaires est délicate pour ne pas y inclure l’uretère et créer une hydronéphrose.
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STÉRILISATION ET MALADIE SURRÉNALIENNE
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