Le sanglier enragé

Dans une scène du premier long métrage de Bogdan Mirica, le chef de la police locale rejoint sur le terrain un vétérinaire bougonnant son impuissance devant un cheval à terre. Sous un soleil de plomb, le vieux limier sort de sa glacière un insolite pied humain et demande au praticien de l’autopsier à vue. Le plus amusant est que, débonnaire, ce dernier témoignera alors d’un opportun bon sens. Si Dogs flirte ainsi avec l’humour noir, c’est la puissance suggestive de ses images (superbes), son tempo suspendu et son habileté à jongler avec les codes du film de genre qui signent l’originalité de ce nouveau venu dans le cinéma roumain.

Roman débarque dans la vaste propriété qu’il vient d’hériter de son grand-père. Des hectares de steppe calcinée dont il compte se débarrasser. Avec la disparition étrange de l’ami chargé de la vente, le mystère s’épaissit autour de la figure de l’aïeul défunt, de cet ambigu domaine à perte de vue, frontalier avec l’Ukraine, de sa maison ouverte à tous les vents ceinturée d’une palissade contre laquelle, la nuit venue, ne cesse d’aboyer la chienne de garde (nommée Police). Le jeune citadin, qui n’entend pas céder à la peur, l’opiniâtre policier à bout de souffle vont alors se confronter (verbalement puis littéralement) au nouveau baron – matois mais méchant – de ce territoire interlope qui entend continuer à suivre ses propres règles. Un western existentiel où chacun ira au bout de sa nature profonde. Ne soyez pas surpris si cela se termine mal.
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Dogs (Câini) de Bogdan Mirica, avec Dragos Bucur, Gheorghe Visu et Vlad Ivanov, Roumanie, 1 h 44, sortie le 28 septembre.