Parascaris spp. : un ancien adversaire sur le retour ?

Des articles ont été récemment publiés dans l’Equine Veterinary Journal sur la parasitologie et notamment sur Parascaris spp. L’éditorial de Nielsen M. K. et coll. (2016)¹ présente deux parasites qualifiés d’“anciens adversaires” : Parascaris spp. et Strongylus vulgaris.

Pour Parascaris spp., la question qui se pose est : comment traiter un poulain présentant une évidence d’infestation massive ? Deux articles parus au printemps ont relié l’apparition d’impactions d’ascaris à l’utilisation d’un anthelminthique présentant une activité paralysante comme l’ivermectine ou le pamoate de pyrantel. L’utilisation d’un benzimidazole ne produit pas ce genre d’effets secondaires, car il est sans effet paralysant. Les parasites sont tués plus lentement et il n’est pas non plus observé de formation de bouchons d’ascaris.

Un autre facteur important à considérer est l’apparition de résistances aux anthelminthiques. Des populations d’ascaris résistantes à l’ivermectine ont d’ores et déjà été décrites, mais il n’existe pas d’étude à l’échelle mondiale sur la résistance de Parascaris spp. Comme ce phénomène est plus limité avec le benzimidazole et au vu du mode d’action de cette molécule, il semblerait que son utilisation chez le poulain soit la meilleure option en cas de suspicion de forte infestation par Parascaris spp. Les auteurs évoquent le fait que certains vétérinaires administrent des demi-doses puis des doses entières, sachant que les conséquences de ces pratiques n’ont pas été étudiées mais provoquent, très certainement, l’apparition de résistances. D’autres usages, comme le fait d’administrer de l’huile de paraffine par sondage nasogastrique pour faciliter le passage des vers tués ou vivants, ont également cours, alors qu’il n’existe aucune base scientifique pour cela et que cette pratique peut stresser inutilement le poulain.

La recommandation donnée est de surveiller de près les poulains lors d’infestation massive de parasites, pendant 24 à 48 heures suivant le traitement.

Étude d’un score échographique chez des poulains infestés

Dans le deuxième article, Nielsen M. K. et coll. (2016)² présentent une étude sur une méthode diagnostique par établissement d’un score échographique chez des poulains infestés par Parascaris spp.

L’échographie abdominale a été réalisée en trois points :

- la région immédiatement caudale à l’appendice xyphoïde,

- à mi-chemin entre l’appendice xyphoïde et l’ombilic,

- cranialement à l’ombilic.

Un quatrième point était échographié si aucune anse de petit intestin ne pouvait être mise correctement en évidence sur les trois premières localisations : la région para-inguinale à gauche.

Deux scores étaient donnés :

- score d’ascaris de 1 à 4 : le chiffre 1 était attribué s’il n’y avait aucune évidence de parasites présents et le 4 pour plus de trois sections de parasites visualisés dans les 5 cm ;

- score de qualité d’échographie de A à E :petit intestin visualisé dans les trois aires (A), trois points d’échographie avec environ trois-quarts de l’écran rempli avec du petit intestin (B), deux points d’échographie avec environ la moitié de l’écran rempli avec du petit intestin (C), petit intestin visualisé à n’importe quel endroit (D), pas de petit intestin visualisé (E).

La technique d’échographie a été validée sur 10 poulains nés et élevés à l’université du Kentucky (États-Unis) entre février et septembre 2013, et infestés naturellement avec Parascaris spp. (photo). Ces animaux ont été évalués tous les 15 jours jusqu’à avril 2014. Chaque mois, un des poulains était euthanasié pour évaluer le comptage des stades intestinaux de Parascaris spp. Un score supérieur à 2 est corrélé à une infestation de 10 vers adultes ou plus.

Une étude sur le traitement a ensuite été effectuée avec 15 poulains de races différentes, âgés de 131 à 180 jours, non vermifugés au préalable et infestés naturellement avec des parasites. Une coproscopie a été réalisée et les poulains ont été classés en fonction du nombre d’œufs par gramme. Trois groupes de cinq sujets ont été constitués. Deux ont reçu un traitement différent (oxibendazole ou ivermectine), le dernier n’en a pas eu. Le groupe traité avec de l’oxibendazole présentait un score significativement plus bas que les deux autres.

C’est la première étude décrivant une technique échographique pour donner un score d’infestation par les ascaris. Cette procédure, qui peut être effectuée sans tondre le poulain, prend environ 5 min par animal.

L’étude a mis en évidence que :

- la grande majorité des examens (81 %) ont permis de donner des images avec un score de C ou plus,

- la technique permet de détecter de façon fiable l’infestation par plus de 10 ascaris,

- le score échographique augmente puis diminue avec l’âge chez les poulains non traités,

- la vermifugation a permis de réduire le score échographique post-traitement (1 à 4 jours après).

Le score échographique peut être particulièrement intéressant entre 5 et 7 mois d’âge, lorsque le résultat de la coproscopie diminue pour atteindre 0. En effet, ce score indique que les parasites étaient toujours présents.

Cette technique est une méthode applicable sur le terrain par les vétérinaires, utile pour la gestion et le suivi de poulains pouvant être parasités.
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¹ Nielsen M. K., von Samson-Himmelstjerna G., Pfister K. et coll. The appropriate antiparasitic treatment : coping with emerging threats from old adversaries. Equine Vet. J. 2016;48:374-375.

² Nielsen M. K., Donoghue E. M., Stephens M. L. et coll. An ultrasonographic scoring method for transabdominal monitoring of ascarid burdens in foals. Equine Vet. J. 2016;48:380-386.