Les brachycéphales dans le collimateur

La British Veterinary Association (BVA) continue sa campagne de sensibilisation contre la sélection de phénotypes délétères dans l’espèce canine. Lors de son congrès d’avril dernier, l’association avait déjà appelé les vétérinaires à déclarer les actes chirurgicaux liés aux hypertypes (césariennes et chirurgie correctrice de défauts de conformation)¹. Désormais, c’est au grand public qu’elle s’adresse, avec force relais dans la presse britannique. « Les futurs propriétaires doivent prendre en compte le fait que les chiens de races brachycéphales peuvent souffrir de nombreux problèmes de santé tout au long de leur vie, allant de l’ulcère cornéen à de douloureuses anomalies vertébrales, en passant par de sévères difficultés respiratoires, déclare Sean Wensley, président de la BVA. La popularité de ces chiens s’accompagne d’une augmentation du nombre d’individus malades. Nous encourageons donc fortement les acheteurs à se tourner vers des races en meilleure santé ou vers des chiens croisés. » Une campagne qui intervient alors qu’en parallèle, des chercheurs de l’université de Davis (Californie) ont publié cet été une étude portant sur la diversité génétique de bulldogs anglais, dans laquelle ils concluent que de larges régions du génome ont été altérées par cinq siècles de sélection qui s’est concentrée sur le changement d’apparence². Les scientifiques estiment que, en dépit de la diversité phénotypique et génotypique encore présente dans cette race, il existe peu d’espoir pour que la sélection soit réversible dans le sens d’une amélioration de la santé, sans appauvrir encore davantage le patrimoine génétique.

Des clubs de race conscients du problème

De son côté, le Kennel Club pointe du doigt les éleveurs peu consciencieux qui sélectionnent des caractéristiques exagérées. Une position identique en France : « Il serait faux de dire que tous les brachycéphales sont en bonne santé. Mais, concernant le bulldog anglais, les individus malades représentent une infime part de la population, témoigne Hélène Denis, présidente du club du bulldog anglais. Ces animaux sont victimes d’un véritable bulldog bashing . Cette situation résulte d’un effet de mode pour ces races, dans lequel s’engouffrent des “marchands d’animaux” peu scrupu leux ». Des clubs de race, tels que ce dernier, ont en effet mis en place des plans pour garantir des chiens de bonne qualité, tandis que des enquêtes de longévité sont régulièrement entreprises. La grille de sélection compte ainsi un test d’aptitudes naturelles, qui s’apparente à un test d’effort. « Seuls 2 % des 533 bulldogs qui ont passé ce test ces trois dernières années ont été recalés pour cause de problèmes respiratoires », souligne Hélène Denis. Pour l’éleveuse, la solution passe par le choix, par les propriétaires, de chiens cotés, qui leur garantit l’acquisition d’animaux en bonne santé.
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¹ Voir La Semaine Vétérinaire n^os 1671 et 1672 des 22 et 29/4/2016, page 28.

² Pedersen N. C. et coll. A genetic assessment of the English bulldog, Canine Genetics and Epidemiology, 2016.