MÉDICAMENTS VÉTÉRINAIRES
ACTU
ÉVÉNEMENT
Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL
Une étude de l’Ifah Europe démontre que les citoyens européens sont préoccupés par l’utilisation des médicaments vétérinaires, notamment dans les élevages. La fédération milite pour que soit lancée une campagne de sensibilisation plus active sur ce sujet.
La médecine vétérinaire intéresse en tout point. Aujourd’hui, c’est l’utilisation des médicaments vétérinaires qui préoccupe, qui questionne. Une nouvelle étude1, publiée en septembre par la Fédération internationale pour la santé animale (International Federation for Animal Health, Ifah) Europe, démontre en effet que les Européens de six pays (le Danemark, l’Allemagne, la Pologne, les Pays-Bas, l’Espagne et le Royaume-Uni) sont de plus en plus préoccupés par l’usage qui est fait des médicaments vétérinaires en élevage. Ces résultats sont certainement liés aux débats qui, ces derniers mois, ont animé les instances européennes sur la question de l’antibiorésistance. De même, cette étude intervient peu de temps après la publication de l’Eurobaromètre2 de la Commission européenne sur le bien-être animal, qui révèle que les Européens sont de plus en plus sensibles à cette question.
L’étude publiée par l’Ifah s’intéresse aux perceptions et aux attitudes des citoyens européens face à l’utilisation de médicaments vétérinaires pour le traitement et la prévention des maladies chez les animaux de compagnie et d’élevage. Les résultats démontrent avant tout qu’ils sont préoccupés par l’impact de leur usage sur la santé publique. Mais chose importante, ils se soucient également des conséquences du recours à ces produits sur le bien-être animal. Les réponses varient en fonction du type d’animaux, les inquiétudes étant finalement plus marquées en ce qui concerne les animaux de compagnie. En effet, 40 % des personnes interrogées ne pensent pas (ou n’ont pas d’avis sur le sujet) que les médicaments vétérinaires ont un impact positif sur le bien-être des animaux de ferme, contre 53 % pour les animaux de compagnie. Tandis que 59 % d’entre elles estiment que les animaux d’élevage ont le droit, au même titre que les personnes, de recevoir des médicaments, contre 65 % pour les animaux de compagnie. Ce dernier point démontre que les Européens interrogés sont de plus en plus sensibles à la question du bien-être animal, mais ne voient pas pour autant la médecine vétérinaire comme une solution.
L’Ifah rappelle que la bonne santé est une condition préalable au bien-être animal. Elle estime qu’une sensibilisation à l’échelle européenne est nécessaire pour garder à l’esprit que l’utilisation de médicaments vétérinaires contribue au bien-être des animaux en leur évitant la douleur et la souffrance liées à la maladie. À titre d’exemple, la fédération souligne que la disponibilité et le succès du traitement des mammites a un impact positif sur le bien-être des vaches laitières, ainsi que sur la qualité du lait produit.
Pas moins de 70 % des personnes interrogées ignorent si les médicaments vétérinaires permettent d’augmenter la sécurité alimentaire, ou ne le pensent pas. L’étude souligne qu’en réalité, seuls les animaux d’élevage en bonne santé peuvent intégrer la chaîne alimentaire. À titre d’exemple, l’étude rappelle notamment que dès 2004, l’utilisation des vaccins chez les poules pondeuses a permis de réduire de près de 50 % la présence des salmonelles chez l’homme. Par ailleurs, la Commission européenne avait pris en 2006 de nouvelles mesures pour réduire et maîtriser la présence des salmonelles dans les cheptels de volailles et les œufs sur tout le territoire de l’Union européenne (UE).
En matière d’antibiorésistance, le concept “une seule santé” appelle une approche unique en ne dissociant pas santé publique et santé animale. Les discours des instances officielles à ce sujet vont aussi dans ce sens. Mais selon l’enquête de l’Ifah, il est nécessaire d’aller encore plus loin dans les éléments de langage choisis. En effet, 40 % des personnes sondées répondent ne pas savoir si la vaccination des animaux aide à prévenir les zoonoses, ou estimer qu’elle n’y contribue pas. Le constat est plus alarmant en ce qui concerne les animaux de compagnie, puisque 53 % des répondants considèrent que la médecine vétérinaire ne permet pas d’anticiper la transmission à l’homme de maladies d’origine animale.
La vaccination des animaux contribue à prévenir la transmission des zoonoses. Les résultats de l’étude montrent que la sensibilisation reste nécessaire pour alerter l’opinion publique sur cette question, qui constitue une menace sanitaire majeure. L’Ifah rappelle notamment que la rage est l’une des zoonoses les plus meurtrières, tuant jusqu’à 70 000 personnes dans le monde chaque année. Elle ajoute que plus de 95 % des humains infectés l’ont été par des morsures de chien.
Plusieurs années sont nécessaires pour développer et mettre un médicament vétérinaire sur le marché, ce dont n’ont pas connaissance 60 % des Européens interrogés. Ils ignorent en effet que les fabricants de médicaments vétérinaires doivent se conformer à diverses exigences réglementaires avant qu’un produit ne soit utilisé par un praticien. Sur ce point, la fédération souligne que l’UE possède l’un des systèmes les plus stricts pour l’octroi d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) et le contrôle de ces médicaments pour la sécurité des consommateurs. Elle ajoute que la vie d’un médicament vétérinaire est rythmée par des contrôles via des tests environnementaux, mais aussi par le calcul des résidus médicamenteux dans les denrées alimentaires.
De cette étude, la fédération européenne retient que les citoyens européens sont de plus en plus préoccupés par l’impact de l’usage des médicaments vétérinaires, notamment dans les élevages, sur la santé publique. Elle constate aussi que leurs connaissances sur ce sujet sont assez limitées. Elle milite donc pour une sensibilisation plus active portée sur le bénéfice des médicaments vétérinaires, leur utilisation responsable et leur niveau de sécurité.
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