Dog Revolution : penser le chien et son comportement autrement

Le pari de Dog Revolution ¹ , qui s’est tenu les 1^er et 2 octobre à l’université Paris Ouest-Nanterre, était de développer un esprit critique vis-à-vis des idées reçues sur le chien, pour se remettre en question de façon positive, en partageant les connaissances élargies à d’autres compétences. Il est réussi : plus de 450 participants, professionnels du chien ou non, ont assisté aux conférences de vétérinaires, d’éducateurs canins, de psychologues, de sociologues et de juristes, chacun donnant sa vision du chien.

Plusieurs conférenciers ont insisté sur le fait que chaque chien est différent et qu’il convient de prendre en compte cette individualité, en fonction de sa race, de son tempérament, de sa santé, de ses capacités cognitives, de son histoire de vie et du propriétaire. Antoine Bouvresse, vétérinaire comportementaliste, et Mélodie Pichoir, formatrice spécialisée et éleveuse, rappellent que les problèmes comportementaux du chien sont souvent liés à un environnement inadapté à ses besoins, et que les propriétaires ont besoin de conseils pour offrir de bonnes conditions de vie à leur animal.

Éduquer avec respect

Une éducation appropriée, précoce et progressive, est également nécessaire, afin que le chemin du chien pour bien vivre avec l’homme soit le plus court et le plus simple possible, comme le conseille l’éducateur Nicolas Cornier. Et cette éducation ne devrait pas être coercitive, mais basée sur un renforcement positif. En effet, les observations de l’éthologiste Séverine Belkhir montrent que le rapport de dominance est rare dans un groupe de chiens, et qu’il n’est pas le seul schéma par lequel l’animal organise son environnement social. L’éthologue Charlotte Duranton et l’éducatrice Éléonore Buffet précisent qu’un chien éduqué avec violence obéit car il est en état « d’impuissance acquise », mais il développe un profond mal-être. De plus, de récentes études établissent que les capacités cognitives du chien sont équivalentes aux nôtres concernant la reconnaissance du visage et des émotions. Il est sensible à l’état attentionnel de son propriétaire (yeux ouverts ou fermés) et à son état émotionnel, même inconscient (il approche une personne si le propriétaire l’approche, s’en écarte s’il recule). Il les intègre, ce qui influe sur son propre comportement et ses apprentissages. Enfin, le chien a également besoin d’interactions sociales intraspécifiques, et la balade libre avec des congénères participe à son équilibre.

Conseiller le propriétaire sans juger

La médecine du comportement canin rejoint le travail des éducateurs, précise notre confrère Thierry Bedossa, coorganisateur de l’événement, et il est essentiel de travailler avec eux afin d’aider les gens et les animaux à mieux vivre ensemble.

Enfin, pour la psychologue Sarah Jeannin, il est important de ne pas juger le propriétaire, mais d’avoir une attitude bienveillante envers lui. Il convient de lui expliquer les besoins de son animal, afin qu’il n’ait pas d’exigence trop élevée envers lui, et les signes de mal-être qui peuvent être décelés. Beaucoup de personnes ont une interprétation erronée du comportement de leur chien (il veut se venger), projettent sur lui des représentations personnelles (objet de substitution d’un parent décédé), ou encore souffrent sur le plan psychologique (deuil, par exemple). Cela est à l’origine d’un mal-être chez l’animal et, si besoin, le propriétaire peut être orienté vers une personne qui pourrait l’écouter et l’aider.

Le but de ce séminaire était de susciter une réflexion, conclut Thierry Bedossa, pour que la révolution vienne de l’homme, et qu’il fasse avancer les choses en respectant la dignité de chacun.
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¹ Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1684 du 26/8/2016, page 21.