Débats autour des politiques publiques et des abattoirs - La Semaine Vétérinaire n° 1692 du 18/10/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1692 du 18/10/2016

SANTÉ PUBLIQUE VÉTÉRINAIRE

ACTU

Auteur(s) : STÉPHANIE PADIOLLEAU 

Deux principaux sujets de discussion ont animé l’assemblée générale du Syndicat national des inspecteurs en santé publique vétérinaire : l’un relatif à la protection des animaux de boucherie à l’abattoir et l’autre sur les politiques publiques et la gestion des risques.

Jean-Yves Caullet, rapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur les conditions d’abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français, est venu discuter des conclusions du rapport pendant l’assemblée générale du Syndicat national des inspecteurs en santé publique vétérinaire (SNISPV), le 14 octobre dernier à Troyes (Aube). L’enquête parlementaire a été diligentée après la diffusion de vidéos choc tournées par l’association L214. « Rien n’aurait été pire que le déni, dit-il. La production de viande doit être assurée dans de bonnes conditions : conforme aux règles, normes, pratiques. » Le rapport présente 65 propositions, qui ne sont pas toutes de même nature ni de même niveau. « Certaines sont déjà mises en place, d’autres demandent une expertise », précise Loïc Évain, directeur adjoint à la Direction générale de l’alimentation (DGAL), qui en a profité pour remercier la mobilisation des services après la demande d’inspection de tous les abattoirs.

Christiane Lambert, vice-présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), souligne qu’il y a beaucoup de préconisations fortes dans le rapport, dans lesquelles les éleveurs se retrouvent, par exemple la modernisation des abattoirs ou la formation des personnels. « Le passage de la vie à la mort fait partie de l’élevage et il faut en parler avec les mots justes », estime-t-elle, tout en soulignant qu’il faudrait aussi revaloriser les métiers de l’abattoir, qui souffrent d’une image négative : « Pour draguer le samedi soir, “je suis tueur en abattoir”… c’est difficile psychologiquement d’exercer ces métiers. » Le contrôle vidéo fait débat, « à ne pas confondre avec la vidéosurveillance, qui est un outil de sécurité publique », insiste Jean-Yves Caullet. Les caméras seraient utilisées comme « un œil supplémentaire fourni aux inspecteurs, au CHSCT 1 , au responsable de l’abattoir et, le cas échéant, à la justice, avec des images prises au fil de l’eau, non enregistrées et visualisées par l’inspecteur, et éventuellement des enregistrements d’une durée limitée destinés à un usage précis, après accord de la Cnil 2 ».

Pour Mathieu Pecqueur, directeur adjoint de Culture viande (syndicat national des entreprises de viandes bovine, ovine et porcine), « on n’arrêtera jamais les organisations non gouvernementales (ONG). Les vidéos ont montré des comportements inexcusables, mais qui représentent une minorité : c’est ce message qu’il faut diffuser auprès des consommateurs ». Lui ne considère pas que le contrôle par vidéo soit un bon outil, à cause des risques de piratage. Il est aussi opposé à la transparence des résultats des audits des abattoirs : « Mettre des stickers avec des couleurs, comme pour les restaurants, c’est une chose, mais les rapports d’audits sont trop compliqués pour le grand public. »

Différentes approches du risque en Europe

En août 2016, le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) a effectué une comparaison des moyens affectés par différents pays à la sécurité sanitaire des aliments. Invitée à en présenter les résultats, Françoise Liébert a souligné les difficultés liées à ce type d’étude : les effectifs attribués à telle ou telle mission ne sont pas comptabilisés de manière identique, le personnel et les missions ne dépendent pas partout des mêmes entités, même entre pays européens. La France est un pays sain, du moins sur le plan de la sécurité sanitaire des aliments. Cependant, le CGAAER souligne que les fréquences d’infections d’origine alimentaire ont cessé de diminuer, notamment en ce qui concerne la salmonellose. L’Europe impose une approche fondée sur le risque afin de justifier le choix de ce qui est financé. Cette approche est appliquée, par exemple, dans le plan hygiène. Le projet Howsafe (How states account for failure in Europe) a étudié l’utilisation des instruments du risque dans quatre pays européens : France, Grande-Bretagne, Allemagne et Pays-Bas. Mara Wesseling, chercheuse du Centre de sociologie des organisations de Sciences Po et invitée par le SNISPV, souligne que le risque n’est pas défini partout de la même façon : « La France diffère car le comportement des opérateurs n’est pas pris en compte et, plus qu’ailleurs, les inspecteurs ont un sentiment de responsabilité pour assurer la sécurité sanitaire des aliments. »

1 Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail.

2 Commission nationale de l’informatique et des libertés.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur