Forum Ergone : de l’utilité de changer et d’être agile

Le forum de l’association Ergone, qui a eu lieu les 13 et 14 octobre sur le campus Sanofi-Lyon (Rhône), s’est ouvert sur la présentation de Taïg Khris, l’ex-champion du monde de roller sur rampe, dont la reconversion réussie dans le secteur de la téléphonie mobile (avec son application OnOff, qui génère de nouveaux numéros de téléphone) et la capacité à lever des fonds (près de 2 millions d’euros cette année) avait de quoi redynamiser les entrepreneurs vétérinaires présents.

La septième édition de ce rendez-vous annuel, intitulée « Le changement : c’est du management ! », a été l’occasion d’échanger sur le développement des entreprises vétérinaires, de décrypter notamment les clés de la réussite d’un projet parfois compliqué à mettre en place et de comprendre ce qu’est une entreprise agile. Culture du changement, préoccupations du client, innovation, réorganisation de ses activités (ressources humaines, services, management, etc.), anticipation pour optimiser ses capacités à réagir sont autant d’éléments à appréhender pour comprendre ce qu’est l’agilité en entreprise.

Plusieurs projets en cours ont été explicités à cette occasion. Pour faire face à une clientèle érodée, certains confrères réorganisent leur activité. C’est le cas de la structure de Jean-Jacques Bynen (clinique vétérinaire des Vignes à Beaune, en Côte-d’Or), adossée au concept des cabinets vétérinaires de proximité Véto Access (consultation et vaccination en canine), qui propose ainsi une petite structure offrant les seuls services d’accueil et de consultation médicale, sans matériel, mais qui, à la différence de Véto Access, dispose d’une auxiliaire vétérinaire. « Il fallait, dans ce projet, expliquer une politique de prix différente, entrer dans le concept de Véto Access et changer la devanture de la clinique. La population était conséquente et le service vétérinaire de proximité défaillant », explique Jean-Jacques Bynen.

Son projet fondé sur la communication, et non sur la technique, avait pour objectif de trouver de nouveaux clients. Ceux-ci y ont été associés pour évaluer leur intérêt et leurs attentes.

« Les entrepreneurs ne sont pas agilistes, mais le projet comprend nombre d’éléments agilistes », a expliqué Olivier Lecointre, chargé, en tant que spécialiste de la gestion du changement et de l’innovation chez Merial, de repérer les points clés d’agilité en entreprise.

Concernant la gestion de situations d’urgence, la crise aviaire en l’occurrence, le projet de Laurent Jamin (clinique vétérinaire Anibio à Arzacq-Arraziguet, dans les Pyrénées-Atlantiques), a consisté à accompagner les opérations et à ne pas bloquer le système. « Nos objectifs ont changé, nous devions maintenir nos chiffres à la sortie de la crise. » Parmi les points clés de ce projet, il a été mentionné : une situation d’urgence dont seule l’agilité permet de sortir, les bonnes compétences en interne et en externe et les rôles à optimiser, les clients intégrés à l’équipe et, enfin, la capacité à s’adapter et à évoluer.

En matière de stratégie d’entreprise, les adhérents d’Ergone ont pu voir ou revoir ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire. Par un jeu de rôles, un chef d’entreprise vétérinaire et un expert en conseil ont pu faire le point sur les principaux éléments (menaces, opportunités, forces et faiblesses) qui caractérisent une structure vétérinaire (clinique de la Grenouille jaune) menacée par l’installation d’un jeune confrère et une baisse de chiffre d’affaires alimentation. Ils ont montré l’intérêt de les pondérer, via la méthode d’analyse Swot, ou Strengths (forces), Weaknesses (faiblesses), Opportunities (opportunités), Threats (menaces). Ce n’est qu’après avoir pondéré ces éléments qu’il est possible de déterminer les options stratégiques de la structure et d’élaborer les plans d’action adéquats.

Enfin, pour la première fois, de jeunes étudiants vétérinaires ont été conviés à participer au forum et ont pu relater leurs stages et leur entrée sur le marché du travail. Pour certains d’entre eux, la crainte d’être exploités, la peur de mal faire en exercice, l’appréhension des contraintes réglementaires ont notamment été exprimées. Un message entendu par les chefs d’entreprise vétérinaires présents, dont les difficultés de recrutement persistent. Une difficulté qui devrait, somme toute, se résorber par une communication accrue sur le métier et sur les carrières auprès des jeunes générations. C’est du moins ce qu’ont entrepris les adhérents d’Ergone pendant ces deux journées.
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