Serviphar est la seule société qui a répondu à l’appel d’offres public lancé par le ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, en février 2016. Le marché portait sur la distribution de doses vaccinales contre la fièvre catarrhale ovine (FCO) pour un objectif de vaccination de 8 millions de bovins et de 2,5 millions d’ovins. «
Au total, la capacité vaccinale de l’État est
de 10
millions de doses, 2
millions étaient
déjà disponibles avant la passation du marché. Les achats par l’État auprès des laboratoires Carlier et CZV ont déjà débuté
», précise Stéphane Vaxelaire, du ministère de l’Agriculture. Le marché est attribué pour un an, renouvelable trois fois par tacite reconduction.
Serviphar, l’une des filiales du groupe Neftys-Pharma, est titulaire de l’autorisation de dépôt de médicaments vétérinaires, ce qui lui permet la distribution en gros des vaccins FCO. Plateforme dépositaire, spécialiste de la logistique pharmaceutique de produits vétérinaires depuis 2008, elle dispose à Torcé, près de Vitré, en Ille-et-Vilaine, d’une capacité de stockage de 6 000 m2. «
Nous répondions tout à fait à la demande du ministère de l’Agriculture. Il cherchait un établissement qui puisse lui assurer la logistique des vaccins FCO. C’est notre métier. Nous gérons notre stock pour le compte de nos clients laboratoires et, dans ce cas-ci, pour l’État
», spécifie Véronique Juhel, directrice déléguée de Serviphar.
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HERVÉ HIARD (N 84) PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL D’ALCYON
« LE SCHÉMA DE DISTRIBUTION PRÉCÉDENT ÉTAIT, À NOTRE SENS, LE SEUL ACCEPTABLE, TANT D’UN POINT DE VUE QUALITATIF QU’ÉCONOMIQUE »
Nous avons défendu jusqu’au bout la reconduction de l’appel d’offres de la campagne de 2015, à savoir le recours de la Direction générale de l’alimentation (DGAL) aux cinq centrales majeures1 pour une distribution du vaccin FCO sur tout le territoire national. Ce schéma est, à notre sens, le seul acceptable, tant d’un point de vue qualitatif qu’économique.
Il permet, en effet, une parfaite maîtrise de la chaîne logistique, car il s’appuie sur des tournées existantes garantissant des livraisons contrôlées et dans le respect de la chaîne du froid. Économiquement, c’est le seul fonctionnement supportable car chaque centrale livre ses propres clients et amortit les frais de livraison en joignant les vaccins FCO à la commande habituelle. Sans compter la facilité de mise en œuvre pour les vétérinaires (un seul point de commande, une livraison unique).
Souhaitant pérenniser la distribution multicentrale du vaccin FCO, nous avons interrogé la DGAL sur la validité d’une réponse commune à l’appel d’offres, ce que l’Autorité de la concurrence aurait pu contester. D’autant plus que cette dernière examine actuellement les conditions de réalisation des campagnes FCO de 2008 à 2010. Malheureusement, en l’absence de réponse de la DGAL, cette distribution multicentrale n’a pas pu être prolongée.
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1 Alcyon, Centravet, Coveto, Hippocampe et Neftys-Pharma.
EMMANUEL THEBAUD (N 97) DIRECTEUR DE LA COMMUNICATION DE COVETO
« NOUS POURSUIVONS LES RECOURS JURIDIQUES ET ESPÉRONS POUVOIR À NOUVEAU LIVRER NOS CLIENTS À L’ISSUE DE CES PROCÉDURES »
Cette disposition nous a surpris. Les marchés précédents de distribution des vaccins FCO avaient été exécutés sans problèmes majeurs. Nous pensions que la distribution vétérinaire française avait fait la preuve de sa pertinence et de son efficacité à traiter ce dossier. Nous l’avons d’ailleurs fait savoir immédiatement à l’Administration, qui n’a pas souhaité modifier son projet.
Aussi, compte tenu de la rédaction de l’appel d’offres, nous n’avons pas pu y répondre. Certes, nos camions sont parfaitement équipés ; ils sont munis de réfrigérateurs et de sondes qui mesurent la température en permanence, car les vaccins sont des produits thermolabiles. Mais pour être en mesure de respecter les bonnes pratiques de distribution du médicament (décision n° 2015-06-182 du 24 juin 2015), auxquels nous sommes soumis en qualité de distributeur en gros, nous sommes dans l’obligation de faire cette distribution par nos propres camions, depuis nos propres sites. Or, la capacité de nos chambres froides n’est pas compatible avec un stockage de tels volumes de produits pour l’ensemble du territoire français.
Notre sentiment, en conséquence, est que ce dispositif ne respecte pas le libre choix du distributeur par le vétérinaire, et l’oblige à s’adresser à une entreprise avec laquelle il n’a jamais travaillé ni établi de lien de confiance. Nous poursuivons les recours juridiques et espérons pouvoir à nouveau livrer nos clients à l’issue de ces procédures.
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ÉRIC HUMBERT (T 82) PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE DE CENTRAVET
« NOS AVOCATS NOUS ONT DISSUADÉS DE RÉPONDRE À CET APPEL D’OFFRES PUBLIC »
Dès 2008, j’avais plaidé auprès de la Direction générale de l’alimentation (DGAL) pour que chaque centrale de distribution des produits vétérinaires puisse livrer ses propres clients. Pour nous, c’était la solution la plus économique et la plus pertinente. Nous passons en effet chez nos clients en moyenne trois fois par semaine, ce qui nous permet de livrer des flacons de vaccins en même temps que les autres commandes. C’est le principe qui, d’ailleurs, a été retenu pour toutes les campagnes précédentes.
En février, la DGAL nous a indiqué qu’elle devait passer un marché et nous a proposé de faire une réponse groupée, toutes les centrales ensemble. Cela nous apparaissait peu envisageable sur le plan pratique et complexe sur le plan juridique ; du reste, nos avocats nous ont dissuadés de souscrire à cette proposition. Nous ne voulons courir aucun risque au regard de l’Autorité de la concurrence, d’autant que celle-ci semble aujourd’hui reprocher aux centrales la procédure que la DGAL a employée lors des campagnes précédentes ; une procédure que nous avions appliquée strictement sous le contrôle de la DGAL ! Aussi n’avons-nous pas donné suite à cet appel d’offres public.
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PHILIPPE LEROY (A 82) PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL D’HIPPOCAMPE
« INTÉGRER UN FLUX À UNE LIVRAISON EXISTANTE EST TOUJOURS PLUS EFFICIENT »
La façon la plus logique, la plus rationnelle et la plus efficace de procéder, c’est que chaque centrale puisse livrer les vétérinaires qui lui font confiance. Intégrer des flacons de vaccins supplémentaires à la logistique existante n’a pas du tout le même coût ni la même implication économique et écologique que de transporter des vaccins vers des destinations où rien n’est en place. Et c’est tellement plus commode pour le vétérinaire. Qu’y a-t-il en effet de rationnel à envoyer deux camionnettes de deux distributeurs différents au même endroit quand une seule, du même distributeur, peut le faire ?
La façon dont l’appel d’offres était rédigé ne permettait pas d’effectuer une assignation des vétérinaires de par leur lien avec leurs distributeurs habituels. Nous aurions certainement été beaucoup trop chers pour livrer un vétérinaire qui habituellement n’est pas notre client. Nous n’avons donc pas pu postuler. Nous en sommes désolés parce que notre activité est d’apporter la totalité des services dont le vétérinaire a besoin. Nous avons toujours essayé d’y travailler. Là, nous avons été dans l’impossibilité de le faire.
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