Doux comme un… pitbull ?

Les lois et arrêtés relatifs aux chiens dits dangereux auront décidément fait couler beaucoup d’encre… Réponse politique à une pression médiatique générée par plusieurs drames humains, elle n’est que mal appliquée – seuls 18 % des american staffordshire terriers ont été présentés à un vétérinaire en 2014 pour la délivrance du permis de détention, pour ne citer qu’un exemple – et a même eu un effet contraire à l’un des buts recherchés en suscitant un engouement pour lesdits chiens. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), saisie par la Direction générale de l’alimentation (DGAL), vient de produire une note¹ relative à l’évaluation comportementale des chiens susceptibles d’être dangereux, pivot de la réglementation. Elle dresse le bilan des évaluations menées en 2014. Sans surprise, les animaux faisant l’objet de telles consultations dans un contexte de morsure ne sont pas des chiens de catégorie (92 % des cas). Seules 79 évaluations réalisées après une morsure ont été déclarées chez des chiens de catégorie. Au final, « sous réserve que l’échantillon utilisé soit représentatif de la population de chiens présentée pour un motif de “morsure”, la comparaison des niveaux de dangerosité des chiens présentés en évaluation pour ce motif n’a pas mis en évidence de différence statistiquement significative entre les chiens catégorisés et non catégorisés », souligne l’Anses. Quant au classement en niveau de dangerosité à la suite de la délivrance du permis de détention des chiens de catégorie, 82 % sont jugés sans risque particulier et 17 % à risque faible… Lors de la promulgation de la loi, l’absence d’étude épidémiologique et d’analyse du risque avait été pointée du doigt par les professionnels, vétérinaires en tête. Après 17 ans de remontées de terrain, confirmées par les données – bien que parcellaires – désormais disponibles, et grâce à la mouvance actuelle en faveur des questions autour de la condition animale, les acteurs de la filière canine seront-ils (enfin) écoutés et des mesures politiques prises pour faire avancer le débat ? ●

^{1 Lire pages 27 et 28 de ce numéro.}