DOSSIER
Auteur(s) : NATHALIE DEVOS
Le renforcement de l’enseignement vétérinaire dans le monde est une des clés de voûte de l’amélioration durable des composantes des secteurs public et privé de la profession. La 4 e Conférence mondiale de l’OIE sur l’enseignement vétérinaire, qui s’est déroulée à Bangkok, en Thaïlande, cet été, a été l’occasion d’aborder les moyens de poursuivre cet effort et a mis en exergue certaines initiatives et pistes de développement.
La 4e Conférence mondiale de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) sur l’enseignement vétérinaire, intitulée « Application des lignes directrices de l’OIE pour garantir l’excellence de la profession vétérinaire », s’est tenue à Bangkok (Thaïlande) du 22 au 24 juin derniers. Le renforcement de l’enseignement vétérinaire dans le monde est l’une des clés de voûte de l’amélioration durable des composantes de la profession. Un chantier sur lequel planche l’Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France (IAVFF).
Le contexte
Pour rappel, cette conférence fait suite à une autre organisée également par l’OIE sur le même thème, en 2013, à Foz do Iguaçu (Brésil). Cette dernière avait pour but de présenter l’élaboration d’un modèle de cursus de formation initiale sous forme de lignes directrices1, afin que les jeunes diplômés acquièrent les compétences minimales attendues pour exercer. Cette initiative émanait de différents constats mettant en exergue de grandes disparités concernant la qualité et la diversité de l’enseignement vétérinaire dans le monde (matières enseignées, durée de l’enseignement, etc.).
Ces lignes directrices ont intégré plusieurs composantes, et ce, dans un contexte :
• d’émergence de nouvelles maladies animales (le virus de la maladie de Schmallenberg, le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient, etc.) ;
• de résurgence d’affections animales existantes (virus influenza, par exemple) ;
• de menace croissante des maladies animales transfrontalières (telles que la peste porcine africaine) ;
• de répercussions des changements environnementaux et climatiques ;
• de mondialisation des échanges de marchandises et des déplacements de personnes, propices à la diffusion d’agents pathogènes ;
• de nouvelles exigences sociétales en matière de sécurité alimentaire et sanitaire (les scandales de ces dernières années ont renforcé la méfiance des consommateurs), de santé publique vétérinaire (gestion des zoonoses), de bien-être animal, et celles relatives au concept de santé unique (One Health) ;
• de développement de la production de certaines espèces (les nouveaux animaux de compagnie, l’aquaculture, qui prend une part croissante, etc.), impliquant d’actualiser les savoirs et la formation des vétérinaires concernant celles-ci. Par ailleurs, compte tenu du rôle important joué par la profession en matière de santé publique, il est indispensable d’approfondir la formation des confrères sur l’utilisation raisonnée et la maîtrise des médicaments et des vaccins à usage vétérinaire. Cela permettra ainsi d’éviter que des personnes qui ne sont pas vétérinaires en aient le contrôle. L’OIE souligne également que la société de l’information dans laquelle nous vivons requiert une adaptation des méthodes d’apprentissage des étudiants.
La conception de ce cursus de formation initiale repose sur plusieurs principes. Chaque étudiant qui intègre l’école vétérinaire possède une bonne maîtrise des sciences élémentaires (en particulier la physique et la chimie), ainsi que les savoirs en lettres et en sciences humaines requis par l’université de tutelle. Ces matières ne sont donc pas prises en compte dans le modèle des lignes directrices.
Les compétences minimales pour les étudiants sont ainsi définies :
• les connaissances sous-tendues par les facultés cognitives (les capacités intellectuelles) ;
• les qualifications, à savoir la capacité à réaliser des tâches particulières ;
• les attitudes, soit les capacités affectives (les sensations et les émotions) ;
• les aptitudes, c’est-à-dire les dispositions naturelles, le talent ou la capacité d’apprentissage de l’étudiant.
Les compétences dites générales désignent :
• les sciences vétérinaires de base, généralement dispensées en début de cursus, qui sont obligatoires avant d’entamer la partie clinique ;
•
les sciences vétérinaires cliniques, qui permettent d’acquérir les savoirs nécessaires pour diagnostiquer, traiter et prévenir les maladies animales ;
• la gestion sanitaire et l’économie de la production animale.
L’OIE précise que ces lignes directrices sont principalement destinées aux États en développement ou en transition, à la recherche d’outils pour accroître la qualité de l’enseignement vétérinaire, compte tenu des différences sociétales, économiques et politiques considérables qui existent au sein des différents pays membres de l’organisation.
Il s’agit donc d’un socle de base : l’OIE reconnaît l’autonomie des universités et des écoles vétérinaires des États. Chaque établissement pourra donc être amené à compléter ce modèle de cursus de formation initiale pour répondre à ses besoins spécifiques, locaux ou nationaux. Par ailleurs, la chronologie des matières à enseigner, telle qu’elle est recommandée dans le cursus de formation initiale vétérinaire, devra également être adaptée aux différents systèmes (qui prévoient un programme dispensé sur des cycles de quatre, cinq ou six ans), ainsi qu’aux prérequis à l’admission dans les établissements vétérinaires (classes préparatoires ou non).
L’OIE ajoute qu’équilibrer le nombre d’établissements d’enseignement selon l’offre et la demande intérieures sur le marché de l’emploi et diminuer leur nombre lorsque cela est compatible avec les stratégies nationales peut se révéler bénéfique pour bonifier la formation vétérinaire dans un pays.
Cette 4e Conférence mondiale a été l’occasion d’aborder les différents moyens de poursuivre l’amélioration de la profession dans le monde par l’incitation à l’harmonisation de l’enseignement vétérinaire en s’appuyant sur les lignes directrices de l’OIE.
Depuis la dernière conférence mondiale, l’organisation a constaté que des disparités d’enseignement existent toujours d’un établissement d’enseignement vétérinaire (EEV) à l’autre, à travers le monde, au niveau de la mise en œuvre des compétences minimales attendues des jeunes diplômés et du modèle de cursus de formation vétérinaire.
De nouvelles méthodes d’enseignement axées sur les besoins des élèves et le recours à l’investigation ont été mises au point, permettant aux élèves de recevoir une éducation qui associe la théorie à des compétences pratiques. Les techniques modernes de l’information promeuvent le développement et la disponibilité de ces méthodes applicables tant à la formation initiale qu’à la formation continue, et il convient de les développer.
La conférence régionale de l’OIE sur le rôle des paraprofessionnels vétérinaires en Afrique, qui s’est déroulée en octobre 2015, a confirmé l’importance de ces derniers dans la prestation de services de santé animale dans de nombreux pays, tout en reconnaissant que ces activités ne sont pas toujours encadrées par les organismes statutaires vétérinaires. L’OIE recommande de développer des compétences minimales et un cursus de formation initiale applicables à cette catégorie de professionnels.
La Conférence mondiale de juin dernier avait aussi pour objectif d’inclure l’élaboration d’une liste d’EEV au niveau mondial, qui s’appuie sur des rapports reçus de ses pays membres en 2015 (carte).
Il a ainsi été recommandé aux autorités vétérinaires des États membres de :
• veiller à ce que les EEV soient vivement encouragés à mettre en pratique les compétences minimales attendues des jeunes diplômés et le modèle de cursus de formation vétérinaire, aspect qu’ils gèrent par le biais d’une évaluation des résultats obtenus ;
• inciter les EEV à procéder régulièrement à l’actualisation du contenu des cursus de formation, y compris par une approche interdisciplinaire, afin qu’il reflète l’évolution des informations scientifiques et des développements techniques ;
• encourager les EEV à procéder à l’étude et à l’évaluation de techniques d’enseignement innovantes, y compris celles appliquées dans d’autres disciplines scientifiques, à examiner la possibilité de faire bénéficier les étudiants d’une formation commune avec d’autres professions dans le but de motiver le maintien d’une solide collaboration également dans la vie professionnelle future des étudiants ;
• s’assurer qu’il existe des mécanismes efficaces de mise à disposition, d’accès et d’évaluation de la formation continue applicables à la profession vétérinaire, y compris le matériel pédagogique utilisé dans le cadre du e-learning, sur la base d’une étroite coopération entre établissements d’enseignement, autorités, organismes statutaires et associations vétérinaires ;
• veiller à ce que les organismes statutaires vétérinaires assortissent le renouvellement du permis d’exercer la médecine et la chirurgie des animaux des vétérinaires et des paraprofessionnels vétérinaires d’une condition requérant que des exigences minimales de formation continue soient satisfaites ;
• développer ou moderniser la législation vétérinaire autant que de besoin pour que les professions de vétérinaire et de paraprofessionnel vétérinaire soient encadrées conformément aux normes de l’OIE et pour que la législation couvre leurs responsabilités.
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