Colistine : l’Anses confirme sa position - La Semaine Vétérinaire n° 1695 du 09/11/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1695 du 09/11/2016

ANTIBIOTIQUES

ACTU

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL 

Selon l’Anses, la colistine n’est toujours pas critique, mais il convient de rester vigilant.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a réévalué son avis1 sur l’utilisation de la colistine en médecine vétérinaire. Elle confirme sa position : il ne faut pas classer cet antibiotique parmi les critiques. L’agence note, entre autres, la baisse du recours à cette substance par voie orale et rappelle qu’une interdiction de l’usage de la colistine en médecine vétérinaire en France « entraînerait un report vers d’autres alternatives thérapeutiques », telles que celles à base de céphalosporines de 3e et 4e générations, ainsi que les fluoroquinolones, déjà classés critiques.

Un objectif de réduction de 50 %

L’Anses confirme ainsi son avis de septembre 20152, une évaluation qui ne doit cependant pas justifier une hausse des usages. Pour s’en assurer, l’agence souhaite renforcer le contrôle pour leur surveillance en fixant un objectif de réduction de moitié en trois ans. En parallèle, elle recommande un suivi étroit de la résistance pour détecter précocement « tout signal d’alerte susceptible de modifier l’analyse bénéfice/risque de l’utilisation de la colistine en médecine vétérinaire ». Elle préconise aussi de développer des tests de diagnostic rapides et fiables pour identifier la sensibilité des germes à la colistine et adapter la durée des traitements au strict minimum afin d’atteindre l’objectif thérapeutique. Par ailleurs, les efforts de recherche de traitements alternatifs aux antibiotiques sont à poursuivre, sans pour autant recourir à l’oxyde de zinc, dont les effets peuvent être néfastes à long terme pour l’environnement.

Moins d’usages en médecine vétérinaire

L’Anses indique que la colistine est un des antibiotiques les plus employés pour le traitement des infections gastro-intestinales, notamment en filières porcine et volaille. Mais ces secteurs ont aussi fortement réduit son utilisation au cours des cinq dernières années. Par exemple, en 2014-2015, l’exposition pour la filière porcine est « la plus faible enregistrée depuis 1999 ». Les données récoltées par l’agence ont également permis d’établir qu’en 2015, la France était très proche de la limite de 5 mg/PCU3 fixée au niveau européen. En ce qui concerne la santé humaine, cet antibiotique est recommandé en traitement systémique de dernier recours lors d’infections nosocomiales. Dans ce domaine, la tendance est plutôt à la hausse, comme l’atteste l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM)4, qui classe d’ailleurs cet antibiotique comme critique.

Des mesures de gestion du risque

Dans son dernier avis, l’Anses rappelle que des mesures européennes de gestion ont été prises pour encadrer l’usage de cette substance. En 2015, pour les médicaments vétérinaires contenant de la colistine comme seul principe actif et administrés par voie orale, une décision de la Commission européenne a restreint leur emploi au traitement et à la métaphylaxie. Toutes les indications d’utilisation préventive doivent également être retirées et la durée des traitements ne doit pas dépasser sept jours, de même la dose administrée a été harmonisée à 100 000 UI/kg/j. Plus récemment, en septembre 2016, sur décision de la Commission, l’Anses a retiré 12 autorisations de mise sur le marché (AMM)5 concernant des médicaments vétérinaires à administrer par voie orale à base de colistine en association avec d’autres antibiotiques. Cette dernière mesure devrait, selon l’agence, « impacter de manière non négligeable » son usage sur le territoire national.

Des alternatives possibles

L’Anses rappelle que des alternatives existent afin de ne pas recourir à l’usage d’antibiotiques. Parmi elles, la vaccination peut être utilisée pour prévenir des infections entériques à Escherichia coli chez les porcelets et chez le poulet de chair. Le recours aux autovaccins est également une piste intéressante, dans certains cas en l’absence de vaccins autorisés. L’agence ajoute que d’autres solutions relèvent de l’amélioration de la gestion du troupeau (nettoyage et désinfection des bâtiments entre les bandes) et des transitions alimentaires. Par ailleurs, elle rappelle que les « approches pré- et probiotiques en alimentation animale peuvent aussi être mises en place pour prévenir le risque d’apparition de certaines maladies digestives ».

1 bit.ly/2f0vJC7.

2 bit.ly/1Mceu5m.

3 Population correction unit.

4 bit.ly/1qATKLK.

5 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1694 du 4/11/2016, page 18.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur