CONFÉRENCE
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : LORENZA RICHARD
Des anœstrus dits de lactation s’observent parfois chez les juments fortes productrices de lait. Leur origine reste actuellement extrapolée à partir de la bibliographie qui concerne les vaches laitières. Peu d’études sont en effet réalisées sur les causes de ce phénomène, peu fréquent chez les poulinières, et mal connu en raison de la difficulté d’évaluation de la quantité de lait produite. Toutefois, quelques explications sont avancées.
Les juments sont en chaleur dès le neuvième jour après la mise bas (chaleurs de lait), puis 30 jours plus tard en cas de non-gestation. Les anœstrus post-partum observés à cette période concerneraient essentiellement des poulinières estimées comme étant à forte production laitière. D’après la bibliographie, la production totale est en moyenne de 2 000 à 3 000 l par lactation, le pic de production se situant environ durant le second mois de lactation (2,5 à 3 l de lait pour 100 kg de poids vif par jour). Toutefois, son évaluation est difficile, car elle varie selon la méthode utilisée : chez les juments laitières, une traite mécanique permettrait en effet de recueillir jusqu’à plus de 2 kg de lait supplémentaires1 qu’une traite manuelle. La production varie également selon les conditions dans lesquelles la traite est réalisée (présence du poulain, intervalle entre deux traites, etc.). Chez les juments allaitantes, la production journalière de lait est proportionnelle au poids du poulain et elle dépend de son comportement de tétée. Sur le terrain, le praticien ne peut ainsi qu’estimer si une jument allaitante est une forte laitière, à la taille de la mamelle et à la vitesse de croissance du poulain.
Durant la saison des poulinages, les juments démarrent ainsi leur lactation et doivent également être en mesure de produire des ovocytes fécondants afin d’être remises à la reproduction. Les besoins énergétiques et protéiques (et en oligo-éléments, notamment zinc et magnésium) des juments sont 1,5 à 1,7 fois supérieurs à ceux de l’entretien. En période de pic de production, les besoins énergétiques peuvent même être doublés, et ceux en protéines, calcium et phosphore, triplés. Cependant, certains éleveurs mettent leur jument à l’herbe après le poulinage sans contrôler les apports de l’alimentation. Les capacités d’ingestion des animaux n’étant pas augmentées, les apports en pâture peuvent être insuffisants pour assurer à la fois l’entretien de l’animal, la production laitière et la relance de son cycle ovarien. La capacité de la jument à assurer un début de gestation en est alors affectée, surtout en cas de forte production laitière. Chez certaines poulinières, cela aboutit à un dysfonctionnement de l’axe hypothalamo-hypophysaire ne permettant pas un cycle ovarien optimal. Les ovaires sont de petite taille à la palpation et des follicules de diamètre inférieur à 10 mm sont observés à l’échographie.
L’anœstrus peut également être en rapport avec une endométrite post-partum, liée d’une part à une diminution d’activité des leucocytes lors de lipomobilisation en début de lactation, à l’origine d’une baisse du système immunitaire, et d’autre part à une moindre contractilité du myomètre, en raison d’une hypocalcémie et d’un manque de stimulation en ocytocine, à l’origine d’un retard d’involution utérine. De plus, chez les fortes laitières, la production peut, dans un premier temps, être supérieure aux besoins du poulain et la vidange incomplète de la mamelle être à l’origine d’une inflammation (mammite) limitant l’activité ovarienne par la libération de cytokines et en raison de l’hyperthermie associée.
Enfin, les premières chaleurs peuvent être faiblement exprimées et passer inaperçues alors qu’elles existent, simulant un état d’anœstrus dit d’expression.
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1 Caroprese M., Albenzio M., Marino R. et coll. Behavior, milk yield, and milk composition of machine- and hand-milked murgese mares. J. Dairy Sci. 2007;90(6):2773-2777.
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