SYNTHÈSE
PRATIQUE CANINE
Formation
Auteur(s) : CHARLOTTE DEVAUX
Le chat est qualifié d’hypercarnivore car il présente des besoins en protéines plus élevés et une activité des enzymes qui dégradent l’amidon (amylase pancréatique et disaccharidases de l’intestin) inférieure comparativement aux autres carnivores, comme le chien. Le chat a un usage non essentiel de l’azote, il utilise les protéines pour produire de l’énergie et du glucose, et ne sait pas les épargner. Lors d’une baisse des apports azotés, le catabolisme des acides aminés n’est pas réduit et ce sont les réserves musculaires et viscérales qui vont être digérées. C’est pourquoi le chat est physiologiquement incapable de s’adapter à un régime autre que carnivore strict.
Tous les chats ne sont pas difficiles. Certains apprécient la nouveauté et sont qualifiés de néophiles. D’autres, qui aiment tout, sont métaphiles. Ces deux sortes d’animaux sont faciles à nourrir. En revanche, un chat néophobe, qui n’affectionne pas le changement alimentaire, n’acceptera une nouvelle denrée que si elle est suffisamment appétente et présentée de nombreuses fois à côté de sa ration habituelle, jusqu’à ce qu’il la goûte, parfois après trois à dix repas successifs. La prévention de la néophobie repose sur une diversification importante de l’alimentation du chaton afin de prévenir la fixation d’habitudes, trop ancrées par la suite.
Le chat est un animal originaire du désert qui se nourrit naturellement de proies très humides. Son réflexe de soif est peu développé. Aussi l’animal compense-t-il imparfaitement par la boisson le passage à une alimentation sèche, ce qui l’expose à une déshydratation chronique et aux troubles urinaires. La prise de boisson doit être surveillée et encouragée en proposant à l’animal de l’eau fraîche, fréquemment renouvelée, dans un récipient en verre (le plastique et le métal peuvent donner un mauvais goût), de préférence mobile (fontaine à eau). Pour la stimuler, il est possible d’ajouter un peu de lait, de jus de viande ou de thon. Le mix-feeding (ration mixte, à la fois sèche et humide) doit être favorisé. Pour les chats qui présentent une rechute d’affection urinaire (calculs ou cystite idiopathique), une alimentation totalement humide est fortement recommandée.
Dans la nature, le chat mange des proies qui sont une nourriture humide, volumineuse et pauvre en amidon. Les croquettes, même si elles sont équilibrées, de bonne qualité et très pratiques, s’éloignent beaucoup du mode d’alimentation physiologique du chat (excepté pour la possibilité de fournir à l’animal de nombreux petits repas au cours de la journée). La pratique du mix-feeding, qui consiste à remplacer une partie de la ration de croquettes par de la pâtée, permet de se rapprocher de l’alimentation ancestrale du chat, d’augmenter le volume de la ration, de diluer l’apport énergétique, d’apporter de l’humidité et de diminuer la teneur en amidon. Un chat dont la nourriture est en partie humide est plus rassasié et mieux hydraté. Il bouge davantage et ses urines sont plus diluées, ce qui prévient de nombreux troubles.
Dans la nature, le chat mange quotidiennement une dizaine de proies de 30 g. Normalement, il présente une certaine capacité d’autorégulation de son ingéré alimentaire, mais qui peut être dépassée dans de nombreuses situations. Par exemple, le félin présente un appétit spécifique pour les lipides, qui influencent peu le phénomène de satiété. Un aliment de mauvaise qualité pourra être surconsommé pour tenter de couvrir les besoins qualitatifs. Le stress modéré chronique généré par un milieu anxiogène, inadapté ou hypostimulant engendre aussi parfois une boulimie. La castration, en plus de réduire le besoin énergétique, diminue la sensibilité de l’organisme à la cholécystokinine, l’hormone de la satiété, ce qui augmente l’appétit et limite fortement la capacité de régulation de l’ingéré énergétique. Après la stérilisation, il convient de donner au chat la stricte dose correspondant à ses besoins en plusieurs petits repas au cours de la journée.
Le chat insuffisant rénal présente un catabolisme et des pertes protéiques augmentés. Son besoin en protéines est donc plus important que celui d’un animal en bonne santé. Aucune étude randomisée en double aveugle menée chez le chat insuffisant rénal ne prouve le bénéfice d’une restriction protéique alimentaire. Si une telle limitation est nécessaire pour diminuer les crises urémiques, elle doit cependant être modérée pour éviter la perte de masse maigre, qui peut conduire à la mort du chat lorsqu’elle atteint les 50 %. La vraie restriction alimentaire à instaurer chez le chat insuffisant rénal concerne le phosphore, qui est très délétère pour le rein et qui doit être réduit autant que possible (moins de 0,7 % de la matière sèche dans l’aliment).
Le chat n’est pas naturellement constitué pour boire du lait après le sevrage. Cependant, la plupart des félins peuvent tolérer jusqu’à 20 ml de lait de vache par kilo de poids vif et par jour. La distribution de lait à un chat, même si elle n’est pas physiologique, n’est généralement pas problématique et peut permettre d’augmenter la prise de boisson, ce qui est un atout non négligeable. Les laits pour chats ou le lait délactosé ne conviennent qu’aux animaux réellement intolérants au lactose, pour lesquels les yaourts peuvent aussi être utilisés.
Contrairement au chien, le chat n’est pas adapté au jeûne et entre très vite dans un état de catabolisme. Un arrêt de la prise alimentaire de plus de 12 heures oblige l’organisme de l’animal à piocher dans les muscles et les viscères pour se fournir en acides aminés glucoformateurs, qui vont lui permettre de synthétiser le glucose nécessaire aux cellules glucodépendantes. Les motifs d’hospitalisation sont souvent des affections à risque de dénutrition. Un chat anorexique depuis plus de 3 jours ou dysorexique chronique est dénutri. Ses apports sont inférieurs à ses besoins, ce qui provoque une perte tissulaire involontaire dont les conséquences fonctionnelles sont délétères. Tout chat dénutri devient intolérant au glucose et doit être réalimenté avec une ration spécialement formulée pour les animaux convalescents, enrichie en lipides et en protéines et très réduite en glucides. Quelle que soit sa maladie, un chat hospitalisé ne devrait jamais recevoir une alimentation diététique, mais toujours une ration pour convalescents.
Le risque d’intoxication par de la viande crue est faible chez le chat, qui est protégé par une importante acidité gastrique. De plus, cette alimentation est très digestible, à forte teneur en taurine et stimule la mastication pour une bonne santé bucco-dentaire.
Le chat est un animal de petit format et une faible prise pondérale peut représenter un pourcentage important de surpoids. Un chat européen de 6 kg est obèse, et présente une morbidité augmentée et une espérance de vie réduite. L’amaigrissement d’un félin doit toujours reposer sur un régime hyperprotéique, avec, de préférence, une partie de la ration sous forme humide pour augmenter le volume et l’humidité de l’ingéré alimentaire.
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