L’aventure intérieure

Jean-François Laguionie, qui a débuté sa carrière dans les années 1960 aux côtés de Paul Grimault (Le Roi et l’Oiseau), puis a réalisé Gwen, le livre de sable (1985), Le Château des singes (1999) ou Le Tableau (2011) est un des grands maîtres de l’animation en France. À 76 ans, il signe ici son cinquième long métrage, une fable intemporelle et sensible, à la fois modeste et extraordinaire, sur les souvenirs, la mort, la mer, la survie et la “vieillitude”. Louise en hiver met en scène une attachante vieille dame – elle a l’âge de l’auteur – qui, en ratant le dernier train à la fin de l’été, se retrouve seule dans une petite station normande désertée. Les grandes marées d’équinoxe surviennent, inondent sa maison, mais la coquette vieille dame se révèle une “robinsonne” moins fragile qu’il n’y paraît. Bravant la solitude, elle s’installe un baraquement sur la plage où elle se réinvente un quotidien. Un griffon philosophe – qu’elle baptise Pépère – s’invite auprès d’elle, partage paisiblement ses repas et ses parties de pêche. Tandis que les vacanciers tardent à revenir, les souvenirs d’enfance resurgissent dans les falaises et Louise renoue avec un passé enfoui.

Dans des décors épurés et pastels, sur papier à gros grain, les deux personnages rendus étonnamment vivants par une animation délicate insufflent leur propre temporalité et un imaginaire teinté de mélancolie. Et le film alors de diffuser une poésie qui échappe généralement aux trépidantes animations contemporaines.
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Louise en hiver de Jean-François Laguionie, France-Canada, 1 h 15, sortie le 23 novembre.

L’album du film aux Éditions de l’Œil, 112 pages, 25 x 23 cm, 25 €.