La relation scientif i que-animal abordée sous plusieurs facettes au CNRS

Le réexamen de la directive de 2010 régissant l’utilisation des animaux à des fins scientifiques, transposée en 2013 dans le droit français (Code rural), doit avoir lieu courant 2017. Une conférence aura lieu à Bruxelles (Belgique) en décembre 2016 pour débattre de ce sujet entre chercheurs et organisations non gouvernementales (ONG) de protection animale, le bien-être étant actuellement au cœur des questions de société, notamment depuis avril 2015, date à laquelle l’animal a été reconnu dans le Code civil comme être vivant sensible.

Une réflexion interdisciplinaire

Dans ce cadre, la direction de communication du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) a souhaité proposer un projet de discussion interdisciplinaire autour des relations entre les hommes et les animaux en général, et plus spécifiquement dans le monde de la recherche. Le colloque « Regards croisés sur la relation homme-animal » a ainsi eu lieu à Paris, le 5 octobre dernier.

L’expérimentation animale n’est pas une controverse dans la recherche scientifique, qui ne peut pas se passer d’animaux, mais elle peut en être une pour la société. Pour les chercheurs, cette attente sociétale provient souvent d’a priori venant d’un manque d’information, la directive concernant les animaux utilisés à des fins scientifiques étant la plus rigoureuse en matière de respect du bien-être animal. Thierry Galli, de l’Institut Jacques-Monod, rappelle que cette réglementation s’appuie sur la règle des 3R : réduire l’utilisation de l’animal, notamment des espèces supérieures, remplacer l’animal (cellules, modélisation, etc.) et raffiner, en réduisant la souffrance et en améliorant les conditions d’élevage et d’expérimentation. Ainsi, la communication sur ce sujet auprès du grand public, mais également entre le monde scientifique et d’autres disciplines, est essentielle.

L’objectif de ce colloque était ainsi de réfléchir à la question à travers différents points de vue : historique, sociologique, philosophique, éthologique et juridique. « Cela a donné lieu à de nombreux débats, et c’était notre but de créer un espace de dialogue, afin d’identifier les différentes facettes de ce sujet, et d’ouvrir de nouveaux champs de réflexion », explique Ivan Balansard, vétérinaire au bureau de l’expérimentation animale du CNRS.

Les vétérinaires également concernés

Bertrand Deputte, éthologue, a abordé le sujet de la conscience animale, et démontré qu’il existe plusieurs types de conscience différents de celle des humains, et que tous sont respectables. Les sociologues Jocelyne Porcher et Sébastien Mouret, de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Montpellier (Hérault), se sont interrogés sur la souffrance de l’animal au travail, mais également sur celle de la personne qui travaille avec ces animaux dans certains contextes (personnel d’abattoirs, éleveurs, scientifiques étant amenés à utiliser des animaux pour leurs recherches). Une partie juridique portant sur l’évolution du droit de l’animal et des devoirs de l’homme envers lui a également soulevé de nombreuses questions dans ce cadre particulier qu’est la recherche. Les confusions sont fréquentes autour du droit (de l’animal, de la protection animale), des devoirs de l’homme et des outils juridiques, qui méritent une clarification et une bonne information du public.

« Ces problématiques vont concerner de plus en plus de confrères », remarque Yvan Balansard (L 05). En effet, tous les laboratoires de recherche doivent avoir un vétérinaire désigné, d’après la directive en place, et la réglementation va être réexaminée. « D’où l’importance d’envisager ces sujets de relation entre le scientifique et l’animal sous différentes facettes, afin d’ouvrir le champ des réflexions et des discussions, et également d’aboutir, à terme, peut-être, à des travaux communs interdisciplinaires. »
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