Des résultats au beau fixe pour la santé animale - La Semaine Vétérinaire n° 1697 du 23/11/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1697 du 23/11/2016

ANTIBIORÉSISTANCE

ACTU

ÉVÉNEMENT

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL  

Les ventes d’antibiotiques vétérinaires ont chuté de 20 %, toutes espèces confondues, par rapport à 2011. Une baisse à nuancer en ce qui concerne les niveaux de résistances.

Novembre est le mois de la lutte contre l’antibiorésistance, avec notamment la Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques (fixée, cette année, du 14 au 20 novembre). Sur le plan national, la rencontre organisée, le 16 novembre dernier par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), a permis de présenter les résultats du rapport de celle du médicament vétérinaire (ANMV) sur le suivi des ventes d’antibiotiques vétérinaires en France en 20151. Au cours de cette période, l’exposition des animaux aux antibiotiques a baissé de 20,1 %, comme cela a été annoncé lors du bilan provisoire du plan ÉcoAntibio 1. Cette rencontre, qui s’est déroulée au siège de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), a aussi été l’occasion de faire un point sur les niveaux de résistances des bactéries pathogènes2 et les différentes implications des acteurs internationaux.

Une forte réduction des tonnages

En quatre ans, les ventes d’antibiotiques ont diminué de 20,1 %, ce qui laisse penser que l’objectif de réduction de 25 %, fixé par le plan ÉcoAntibio 1, devrait être atteint, comme prévu, en cinq ans. En témoignent les résultats des suivis des ventes pour l’année 2015, présentés par Gérard Moulin, de l’ANMV. Ils prennent en considération la tendance au stockage après les mesures “anti-cadeaux” de la loi d’avenir. « Les données ont été obtenues en tenant compte de la moyenne des indicateurs calculés pour les années 2014 et 2015, afin de lisser ce phénomène », indique l’agence. Sur l’année 2015, les ventes ont fortement baissé. Leur volume total s’élève à 514,3 t, ce qui constitue le tonnage le plus bas depuis 1999 (qui était de 1 311 t). L’ANMV observe plus largement un recul de 28,4 % des ventes par rapport à 2011 et de 50 % par rapport à 1999. Cette baisse s’apprécie chez toutes les espèces et particulièrement chez les porcs, dont le secteur a vu ses ventes diminuer de 24,1 %, suivis ensuite des lapins (- 17,8 %), des bovins (- 9,5 %) et des chiens et chats (- 9,5 %).

Baisse des antibiotiques critiques

La baisse observée concerne particulièrement les antibiotiques dits critiques, les céphalosporines de 3e et 4e générations et les fluoroquinolones. Entre 2014 et 2015, pour la première famille, l’agence note une réduction de 21,3 % de l’exposition par voie parentérale par rapport à 2013, et ce toutes espèces confondues. De façon détaillée, l’exposition estimée pour ces antibiotiques (Alea) a diminué de 21,1 % chez les bovins et de 46,5 % chez les porcs, mais a progressé de 4,8 % chez les carnivores domestiques. Selon l’ANMV, cette augmentation pourrait être due à un stockage des distributeurs fin 2015, afin d’« éviter une rupture de stock en début d’année 2016 ». Concernant les fluoroquinolones, le rapport pointe une baisse de 22,3 % de l’exposition entre 2014 et 2015 par rapport à 2013, toutes espèces et voies d’administration confondues : - 23,6 % (bovins), - 23,8 % (porcs), - 15,2 % (volailles) et - 16,7 % (carnivores domestiques).

L’exposition à la colistine diminue aussi

Pour l’ensemble également, l’exposition à la colistine a aussi chuté de 25,3 % par rapport à 2011. L’ANMV indique qu’une surveillance renforcée a été mise en place pour cette substance, après la découverte en Chine du premier mécanisme de résistance à cet antibiotique transférable. Cette mesure est dans la droite ligne des recommandations de l’agence en ce qui concerne la colistine. Dans son avis récemment publié, l’Anses préconise en effet de renforcer le contrôle de la surveillance consacrée à l’usage de la colistine en fixant un objectif de réduction de l’utilisation de moitié en trois ans et un suivi étroit de la résistance. Le Réseau d'épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath) précise d’ailleurs qu’à ce stade les phénomènes de résistance sont plutôt maîtrisés en élevage.

La résistance en baisse

Pour 2015, le Résapath compte davantage d’adhérents et a pu collecter 41 298 antibiogrammes, plus qu’en 2014 (36 989). Les échantillons sont répartis de la façon suivante : volailles (31,9 %), bovins (25,2 %), chiens (13,6 %), équidés (8,4 %), porcs (7,9 %) et chats (3,8 %). Une diminution significative par rapport à 2013 a été observée chez les bovins (- 21 %) et les porcs (- 45 %).

Un taux de résistance stable

Les phénomènes de résistances sont en recul pour les antibiotiques critiques. Pour les céphalosporines de 3e et 4e générations, le taux le plus élevé se situe autour de 6 à 7 % chez les veaux, les chiens et les chats, ainsi que les équidés. S’agissant des autres espèces, les résultats pour 2015 montrent que la tendance est égale ou inférieure à 3 %, notamment chez les poules et les poulets (2,5 %), les porcs (2,6 %), les bovins adultes (2,4 %) et les dindes (1,2 %). Selon le Résapath, elle est à la baisse « chez les poules et les poulets, les animaux de compagnie et, dans une moindre mesure, chez les veaux. Pour les autres espèces, le taux reste faible et stable ». Concernant les fluoroquinolones, l’espèce bovine est celle où est retrouvé le taux le plus élevé de résistance (22 %), bien qu’une stabilisation ait été observée en comparaison aux années précédentes. Le taux de résistance le plus bas est noté chez les équidés, les poules et les poulets et les dindes (5 à 7 %). Le Résapath rappelle que « les taux de résistances aux fluoroquinolones restent toujours globalement supérieurs à ceux aux céphalosporines à large spectre, quelles que soient les espèces animales ».

Des efforts pour les autres antibiotiques

Jean-Yves Madec, chef de l’unité antibiorésistance et virulences bactériennes à l’Anses, indique que la vigilance doit aussi concerner les autres antibiotiques. L’année 2015 marque en effet une évolution des taux de résistance pour les autres spécialités. « Les niveaux de résistance ont légèrement augmenté pour la plupart des filières et des antibiotiques entre 2014 et 2015. Cette tendance à l’augmentation devra être confirmée l’année prochaine pour être qualifiée de significative et non de simple rebond », indique le rapport du Résapath.

Une lutte internationale

Cette journée du 16 novembre consacrée à l’antibiorésistance dans les filières animales a réuni des acteurs incontournables comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et celle de la santé animale (OIE), le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) ou encore l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Ces organisations ont rappelé leurs implications collectives visant à promouvoir l’utilisation prudente des antibiotiques. L’OIE a notamment évoqué la mise en place, en 2012, d’un questionnaire, envoyé à ses États membres, afin de connaître les usages à destination de l’animal. Parmi les 152 pays sur les 178 ayant répondu, seul 27 % détenaient un système officiel de collecte de données pour les antibiotiques vétérinaires. Les actions de l’OIE sont également menées en étroite collaboration avec l’OMS et la FAO, à travers le plan d’action mondial contre la résistance aux antimicrobiens ou des résolutions dont le but est de lutter contre l’antibiorésistance. De son côté, le Cirad développe avec ses partenaires « des approches intégrées d’optimisation de surveillance et de gestion des mécanismes de résistance aux antibiotiques », par exemple en ce qui concerne la faune sauvage, « avec le développement d’outils d’évaluation économique », afin de comprendre les enjeux de l’antibiorésistance.

1 bit.ly/2g30RwZ.

2 bit.ly/2fESdV2.

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